Trois tours dynamitées, un poste de police saccagé, l'armée israélienne continue de défier la communauté internationale. Un défi en vérité calculé et sans conséquences au vu de l'impuissance dans laquelle est mise l'ONU, incapable de faire adopter les résolutions dans lesquelles l'Etat hébreu est impliqué. En effet, en début de semaine dernière, le Conseil de sécurité des Nations unies a vu son projet de résolution, condamnant la construction du mur qu'Israël construit en Cisjordanie, bloqué par le veto de Washington. Dans le courant de cette même semaine, l'Assemblée générale de l'ONU, qui s'est réunie à la demande du groupe arabe, a adopté, à une écrasante majorité, le texte même annulé par le veto américain. Quatre pays ont voté contre, Israël, les Etats-Unis, certes, mais aussi deux petits Etats perdus dans le Pacifique, la Micronésie et les Iles Marshall, (dont on se demande s'ils ont bien saisi l'enjeu et le fond du dossier proche-oriental) pour dire que la communauté internationale, certes unanime dans sa condamnation de s et dépassements d'Israël, reste néanmoins impuissante à faire entendre raison à l'Etat hébreu. En effet, comme l'on sait, les textes votés par l'Assemblée générale, contrairement à ceux adoptés par le Conseil de sécurité, ne sont pas contraignants, - même s'ils montrent l'état d'esprit qui est celui de la communauté internationale pour ce qui est du contentieux du Proche-Orient -, ce qui permet à Israël de les ignorer et de narguer les Nations unies en poursuivant dans l'impunité la construction du mur. Or, non seulement le gouvernement israélien n'entend pas suspendre la construction du mur qui défigure déjà grandement la Cisjordanie, mais le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, a annoncé, vendredi, la mise à l'étude d'un projet de construction d'une ligne de défense le long de la frontière avec la Jordanie. De fait, la construction d'une telle ligne dans la vallée du Jourdain équivaudra en réalité à une annexion pure et simple de tout le secteur oriental des territoires occupés. En 2001 déjà, au moment où l'idée de la construction du mur de l'apartheid, comme le soulignent les Palestiniens, a commencé à germer, Sharon avait alors affirmé que la vallée du Jourdain demeurerait israélienne, indiquant «Il n'y aura pas de situation où la vallée du Jourdain, secteur de sécurité oriental vital pour Israël, ne sera pas aux mains d'Israël. Cette région sera aux mains d'Israël pour toujours». Mais alors, que resterait-il à négocier avec les Palestiniens, du moment que, quasiment, tous les territoires palestiniens occupés par l'armée israélienne, sont «vitaux» pour la «sécurité» d'Israël. Comment donc, le président Bush compte concrétiser sa «vision» de deux Etats, Israël et la Palestine, cohabitant côte à côte dans le territoire de la Palestine historique? En bloquant au Conseil de sécurité la condamnation de la construction du mur par Israël, le président américain aura surtout encouragé l'intolérance israélienne, comme le montre bien Sharon qui, déjà, pense à matérialiser sur le terrain son objectif de ghettoïsation des territoires palestiniens. De fait, que reste-il maintenant de la «feuille de route» à laquelle s'accroche la communauté internationale? Pour Nabil Abou Roudéina, porte-parole du président Arafat, «La décision israélienne liée à la poursuite de la construction du mur et à son extension à la vallée du Jourdain, équivaut à porter le coup de grâce à la «feuille de route et à déclarer une guerre totale au peuple palestinien». Cette guerre totale menée contre le peuple palestinien, il n'y a que les Etats-Unis qui ne la voient pas. Hier encore, l'armée israélienne a procédé au dynamitage de trois tours de 14 étages en construction à Gaza, de même qu'elle saccagea le poste de police palestinien à Al Zahara dans la bande de Gaza. Cynique, un officier israélien déclarait à la presse, «C'était très précis, très bien fait (le dynamitage). J'espère qu'il n'y a pas eu de dommages collatéraux et que l'Autorité palestinienne a compris le message et ne permettra plus que des infrastructures civiles servent au terrorisme». Les Palestiniens voient autrement les choses comme l'indiquait Saeb Erakat, le négociateur en chef palestinien, selon lequel, «la destruction de ce projet immobilier (plus de 140 appartements) est un crime de guerre, une grave violation de la Convention de Genève ». En réalité, Israël n'a cure des lois et conventions internationales du moment où celles-ci n'entrent pas dans ses vues. Et pour cause, fort de l'appui des Etats-Unis au Conseil de sécurité, -Washington veillant à ce que Israël ne soit jamais condamné pour le s qu'il commet quotidiennement dans les territoires palestiniens occupés -, Israël, depuis l'arrivée d'Ariel Sharon au Premier ministère, sème la terreur dans les territoires occupés multipliant les massacres et exactions de toutes sortes. Aujourd'hui, les territoires palestiniens sont devenus, sous l'action destructrice de l'armée israélienne, d'immenses champs de ruine car, les Nations unies ont été mises dans l'incapacité d'agir contre le s de l'Etat hébreu. Aussi, que peuvent encore les Nations unies impuissantes à protéger le peuple palestinien aujourd'hui en réel danger, lorsque le veto américain soustrait Israël aux lois et droits qui gèrent la communauté internationale?