Comparativement à d'autres blocs régionaux comme par exemple l'Union européenne (UE), l'organisation arabe a perdu beaucoup trop de temps. L'erreur était de croire en l'idéal d'une unité politique comme première étape à franchir avant les autres, estiment certains analystes. A des échelons inférieurs, le même constat est valable. Il s'applique pour des entités comme l'Union du Maghreb arabe (UMA) ou le Conseil de coopération du Golfe (CCG). Le panarabisme, avec ses fortes doses idéologiques, a causé des dommages insoupçonnables au plan de l'action arabe. Née pourtant il y a 60 ans, la Ligue arabe est restée bien en deçà de la place qui devait lui revenir parmi les organisations régionales les plus en vue aujourd'hui. Paradoxalement, la zone qu'occupent les Etats membres de cette ligue est l'une des plus riches au monde : plus de 60% des réserves mondiales de pétrole et le tiers des réserves de gaz. Cela sans parler des autres potentialités naturelles, géographiques et humaines. A cela s'ajoutent les 1200 milliards de dollars de capitaux arabes déposés à l'étranger. Du coup, le parcours de la Ligue arabe apparaît actuellement vide de sens. Cela dans la mesure où les populations arabes se demandent à quoi finalement a servi cette organisation. Ni le conflit avec Israël n'a trouvé une solution ni les autres questions politiques pendantes n'ont été réglées. En plus, avec seulement un taux de 9%, les échanges interarabes sont, de loin, les plus faibles au monde. D'où les efforts présents de la ligue visant à redynamiser le projet de la zone de libre-échange. Or presque tous les Etats arabes sont dans une situation de dépendance par rapport à d'autres organisations régionales. Car il faut observer que les blocs régionaux comme l'UE, l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ANSEA), la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA) ou le Mercosur (Marché commun du Sud) ont réussi à réaliser des acquis palpables. Du moins à certains niveaux, ces blocs ont impulsé des vecteurs d'échanges économiques bien structurés, à tel point que la Ligue arabe apparaît devant eux comme une simple tribune d'idées et de discours.