Le terrorisme et la crise socioéconomique sont les facteurs essentiels qui ont favorisé la hausse inquiétante de la délinquance juvénile en Algérie. Les statistiques des services de sécurité montrent une évolution annuelle de l'ordre de 2 à 10% en l'espace de six ans, notamment dans les grandes villes du pays où les images d'enfants « sniffant » la colle ou le diluant, consommant de la drogue ou tout simplement exerçant avec leurs parents la mendicité ont fini par faire partie du décor quotidien. Ainsi, durant l'année 2004, les services de police ont traité 7358 affaires liées à la délinquance et pour lesquelles 10 965 mineurs, dont 297 jeunes filles, ont été arrêtés à l'échelle nationale. Selon Mme Messaoudène de la police judiciaire, 1251 mineurs ont été mis sous mandat de dépôt, 7671 ont bénéficié de la liberté provisoire et 1310 relaxés. « Néanmoins, 733 mineurs ont été placés dans des centres de réinsertion juvénile, gérés par le ministère de la Justice. » Les services de police ont indiqué par ailleurs que sur les 10 965 mineurs arrêtés, 6314 ont un âge compris entre 16 et 18 ans, alors que 3586 sont âgés entre 13 et 16 ans. « Il y a une catégorie assez importante qui commence à prendre de l'ampleur. Il s'agit des enfants auteurs de délits, âgés de moins de dix ans, 215 ont été arrêtés en 2004. Ceux âgés entre 10 et 13 ans sont au nombre de 850. Ces mineurs viennent de toutes les catégories sociales, exclus du système scolaire ou tout simplement scolarisés. Ce qui prouve que, quelque part, il y a une flagrante démission des parents », a déclaré Mme Messaoudène. Celle-ci a révélé que les vols restent les délits les plus répandus chez les jeunes délinquants, puisqu'ils représentent 54 % de l'activité de la petite criminalité enregistrée en 2004. La même source a noté que « 5898 mineurs ont fait l'objet d'arrestation par la police à la suite de leur implication dans les 4295 affaires de vol que nous avons traitées ». Les coups et blessures volontaires (CBV) viennent en deuxième position, avec 2179 mineurs arrêtés dans le cadre de 1592 affaires, suivis de l'association de malfaiteurs avec 290 affaires et 404 mineurs incarcérés. Les services de police ont enregistré néanmoins une progression assez significative des atteintes à la famille et aux mœurs, nécessitant une étude sociopsychologique approfondie pour en connaître les motivations. Ainsi, 384 mineurs ont été mis en détention à la suite de leur implication dans 273 affaires liées au mœurs. Autre phénomène alarmant qui appelle à une urgente prise en charge des jeunes reste la violence physique qui s'accompagne d'homicide volontaire. En termes plus clairs, les enfants auteurs de crimes de sang. Les services de police ont arrêté 13 mineurs pour leur implication dans 12 affaires liées à des assassinats. Un chiffre qui a également tendance à connaître ces dernières années une hausse, même légère, mais significative. Ce bilan reste en deçà de la réalité du terrain, puisque les statistiques avancées ne prennent pas en compte les milliers d'affaires traitées par la gendarmerie nationale. Il vient à point nommé rappeler la nécessité de renforcer les textes juridiques portant protection de l'enfance. Dans ce sens, une commission chargée de la refonte de l'instrument juridique en matière de protection des droits de l'enfant se penche sur un projet de loi présenté par le ministère de la Justice. Composée de représentants de plusieurs ministères, cette commission devra finaliser l'étude de ce projet de loi qui inclut toutes les conventions des droits de l'enfant ratifiées par l'Algérie, au plus tard dans une semaine. Ces propositions feront l'objet d'un seul texte, qui prendra en compte tous les volets liés aux droits de l'enfant, pour être soumis au gouvernement le plus rapidement possible.