Le Chef du gouvernement et le président de l'APN ont souligné l'utilité du CNES. La 22e session du CNES a clôturé ses travaux hier, avec l'examen de deux rapports, l'un sur la délinquance des mineurs et l'autre sur l'urbanisation et les risques naturels et industriels en Algérie. Mohamed Salah Mentouri estime que cette session est un succès, évoquant “le climat apaisé et de sérénité dans les relations entre le CNES et les autres institutions”. Pour lui, les analyses de l'institution consultative qu'il préside “n'obéissent à aucune conjoncture politique”. “Je ne suis pas un fanatique de la météo politique”, affirmera-t-il. Le CNES, selon Mentouri, n'est pas un forum d'experts, mais une assemblée où siègent différentes sensibilités. Du coup, l'autonomie et l'indépendance de cette institution doivent être “une garantie fondamentale”. Pour rappel, à l'ouverture de la session, le Chef du gouvernement ainsi que le président de l'APN ont tous les deux souligné “l'utilité” d'une institution comme le CNES. Ce dernier souligne, dans son rapport sur la délinquance des mineurs, que celle-ci évolue d'une manière inquiétante vers la criminalité dans ses formes les plus dangereuses. A partir des données de la DGSN sur la délinquance des mineurs, on comptabilise de 1998 à 2002 environ 47 700 mineurs impliqués. Une évolution de 56% est observée avec un accroissement annuel moyen de l'ordre de 12%. La progression la plus significative concerne les années 2001 et 2002, avec un taux de 27%. La délinquance touche même les enfants de moins de 13 ans. Les conseillers du CNES, ainsi que ceux des secteurs concernés par le phénomène sont unanimes à dire que le problème est grave et en recrudescence dans ses formes apparentes et les plus inquiétantes se manifestant par des actes de violence au niveau de multiple espaces (école, université, stade, rue, quartier…). Le CNES regrette tout de même que cette prise de conscience ne s'accompagne pas de suivi et d'évaluation du phénomène. Les analyses des forces de sécurité mettent en relief une augmentation importante de délits de violence. Les coups et blessures volontaires représentent plus de 40% des délits alors que les vols sont de l'ordre de 12%. Le CNES pense que le phénomène de la délinquance et le résultat des carences en matière de scolarisation, de l'expression d'un malaise d'une frange de la jeunesse soumise aux effets de la crise économique, des mutations sociales et enfin de la violence terroriste. Selon le CNES, l'école porte une lourde responsabilité. Les déperditions scolaires, enregistrés annuellement à différents cycles du système éducatif restent élevés ces dernières années. Les taux de redoublement varient tout au long du parcours scolaire de 10 à 16%. Le nombre d'exclus en 2002 dépasse les 420 000 dont 71% au cycle fondamental. Sur un nombre de 9,5 millions de jeunes âgés de 6 à 18 ans, plus de 20% ne sont pas inscrits dans le système scolaire. Plus en avance dans l'âge, plus la part des enfants non scolarisés augmente. Si pour la tranche d'âge de 6-12 ans, la proportion est quasiment nulle, pour les 13-15 ans (moyen et secondaire) les non-scolarisés représentent 22%. Les 16-17 ans constituent 54,2%. Cette proportion atteint les 75,2% pour les 18 ans. Globalement, la part des non-scolarisés est évaluée à 41,6% pour les 13-16 ans et 60 % pour les 16-18 ans, selon des statistiques datant de 1998. Par ailleurs, sur près de 2,34 millions de chômeurs, 16,8% ont moins de 19 ans. 30% sont âgés entre 20 et 24 ans. L'absence de perspective d'emploi incite les jeunes à la recherche d'un travail dans l'informel ou à exercer des activités illicites. M. R.