Jalousement gardé, le site du grand complexe sidérurgique algéro-turc Tosyali, implanté près de Béthioua, n'est pas accessible aux tierces personnes, et encore moins aux journalistes. Une chose est sûre, depuis lundi, un mouvement de grève a été initié par des travailleurs du complexe, avec un sit-in organisé à l'intérieur de cette immense usine qui n'a pas cessé de s'agrandir depuis sa mise en production il y a quelques années. Le fait n'est pas nouveau et des mouvements similaires ont déjà été initiés, notamment entre 2013 et 2014, avec parfois des sit-in à l'extérieur de l'enceinte, mais très vite remis à l'ordre. Cette fois, un nouvel élément est venu s'ajouter aux revendications socioprofessionnelles mises régulièrement en avant malgré une évolution certaine, avec notamment l'augmentation des effectifs qui atteignent aujourd'hui près de 5000 employés. L'un de ces derniers aurait tenté de se suicider en projetant de se jeter de l'une des hautes plateformes du complexe. Selon certaines sources, celui-ci voulait protester contre le non- renouvellement de son contrat de travail. D'autres sources réfutent cette assertion, en considérant que le contrat du concerné, qui a été vite ramené à la raison pour lui faire éviter le pire, était toujours valable. Quoi qu'il en soit, le mouvement de grève enclenché subitement a remis au jour les revendications formulées auparavant et concernant notamment la revalorisation des salaires et des primes, l'intégration à titre permanent des salariés recrutés par le biais de contrats de type CDD (durée déterminée) après avoir accumulé un certain nombre d'années, mais aussi la cessation des «licenciements abusifs». Reprises par les grévistes, ces revendications sont, apprend-on, incluses dans la plateforme que le syndicat de l'entreprise a transmise à la direction il y a à peine quelques jours. Mais, on estime cependant que les grévistes prônent aussi le retrait de confiance à cette section et demandent un renouvellement de ses membres. Il faut savoir que si la majorité des effectifs sont de nationalité algérienne, l'usine emploie également un bon nombre de ressortissants étrangers, principalement des Turcs. Ces derniers sont censés avoir les mêmes droits et obligations que leurs camarades algériens. D'où vient alors l'idée exprimée et reprise par la presse concernant la revendication d'un vote qui ne concernerait que les travailleurs algériens ? Déjà en 2014, alors que l'usine n'employait que quelques centaines de personnes, un mouvement de grève a été enclenché et a revendiqué le départ de la section syndicale de l'époque jugée non représentative. A l'époque également, les grévistes avaient parlé d'une menace des responsables de l'usine de recourir à un personnel extérieur à l'entreprise pour faire fonctionner les machines à la place des protestataires et ces derniers avaient estimé que les remplaçants éventuels ne pouvaient être que des travailleurs turcs. Même sous une autre forme, ce problème semble revenir aujourd'hui à l'ordre du jour chez certains protestataires soucieux de faire aboutir leurs revendications concernant un salaire optimal et de meilleures conditions socioprofessionnelles. Evidemment, entre-temps, le complexe s'est agrandi de manière fulgurante et, de ce côté-là, l'investisseur turc a tenu ses promesses concernant la réalisation d'un complexe sidérurgique qui, non seulement, contribuera fortement à répondre aux besoins en fer et en acier exprimés par différents secteurs, notamment l'industrie algérienne, mais jouera aussi un rôle important dans le domaine de l'exportation. Dernièrement, en novembre 2018, à l'occasion d'une visite ministérielle officielle, un des dirigeants de cet immense complexe a bien précisé que, graduellement, le personnel turc, y compris les cadres, sera remplacé par des compétences algériennes.