Ce sixième vendredi s'est caractérisé par le nombre impressionnant de manifestants au chef lieu de la wilaya de Tipasa et la présence très remarquée de la gent féminine parmi les marées humaines qui battaient pacifiquement le pavé dans un ordre impéccable. Les autres localités, notamment Cherchell, Hadjout, Bou-Ismail, Fouka, Koléa avaient enregistré les manifestations de leurs populations, écœurées par la gestion de leurs villes respectives. A Tipasa, nous avons pu recueillir l'impression d'un manifestatnt sexagénaire accompagné par ses petits enfants, « je suis confiant pour l'avenir de notre pays nous déclare-t-il, voyez-vous, je me trouve au milieu des jeunes qui manifestent avec les filles, ces femmes et ces hommes qui sont accompagnés par leurs enfants et leurs bébés ajoute-t-il, je souhaite que le clan maffieux qui a dirigé l'Algérie soit sage, pour disparaître », conclut-il. Des jeunes manifestants brandissaient les banderoles et les pancartes. « L'article 102 est venu tard, à compléter par l'article 7 » ; « nous exigeons le changement radical du système et du pouvoir » ; « nous n'avons pas oublié octobre 88 » ; « notre pays ne mérite pas d'être dirigé par les voleurs et les corrompus » ; « dégagez tous maintenant » ; « le Dieu de la Mecque est le Dieu de l'Algérie » ; « Ni Salah, ni Ben Salah » ; « armée, peuple, khawa, khawa ». Les visages des femmes et des hommes affichaient de larges sourires. La procession avançait en chantant en chœur. L'emblème national est hissé, en dépit de ses différentes dimensions. Le drapeau tamazight flottait au milieu de marée humaine. Le dispositif des policiers étaient très renforcé le long du parcours emprunté par les milliers de manifestants à Tipasa. Etudiantes, lycéennes, commerçants, fonctionnaires, retraités, étudiants, lycéens, chômeurs, constituaient les foules des manifestants. Les deux roues, les véhicules bondés par les jeunes accompagnaient les manifestants en klaxonnant. Les policiers en tenue étaient discrets au milieu des manifestants pour les identifer. Les citoyens dénonçaient les vols des deniers publics, la corruption, le clanisme, le piston. Le rendez-vous est déjà pris pour le vendredi prochain. Les citoyens et les familles ne comptent pas abandonner leurs revendications légitimes face à un système critiqué publiquement aujourd'hui. La wilaya de Tipasa avait été secouée par moult scandales de détournement des deniers publics et du foncier. Les fonctionnaires affectés à ce territoire bénéficient des parrainages et de la protection des dignitaires du régime. Les fonctionnaires rendent la monnaie à leurs tuteurs dès leur installation à Tipasa. Ces pratiques honteuses continuent à prospérer dans l'opacité à ce jour dans les méandres de l'administration de Tipasa. L'omerta à Tipasa n'a jamais cessé jusqu'à présent. Cette attitude des fonctionnaires « chanceux » suscite l'ire des citoyens de cette wilaya côtière aux immenses potentialités. La mécanique des détournements continuent à fonctionner dans l'impunité, encouragée par l'absence de patriotisme.