Loin du tapage médiatique fait autour du sommet des Etats de la Ligue arabe prévu à Alger, les locataires de l'Assemblée populaire nationale débattaient hier le nouveau projet de loi sur les hydrocarbures en présence du ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, qui a eu à présenter le projet. Et comme il fallait s'y attendre, face aux députés de la coalition gouvernementale qui ont applaudi à l'unisson le projet, ceux du Parti des travailleurs n'ont pas raté l'occasion pour le descendre en flammes, considéré comme « un bradage des richesses nationales ». Sur les 53 interventions dont 3 par écrit, les parlementaires du parti de Louisa Hanoune, loin d'être avares en critiques, ont clairement exprimé, parfois avec une virulence rare, leur rejet « dans le fond et dans la forme » de la nouvelle loi. Mais des critiques qui épargnent curieusement le président de la République, dont les parlementaires du PT considèrent qu'il subit des pressions intenables de la part des Etats-Unis d'Amérique et des Européens. Selon la grille de lecture du PT, cette loi anticonstitutionnelle « abroge, à travers l'article 22, la décision souveraine de l'Etat algérien de nationaliser les hydrocarbures ». Et intervenant de surcroît un certain 19 mars (en référence au 19 mars 1962), le PT n'a pas manqué de soulever l'ire des députés de la coalition gouvernementale pour leurs prêches jugés « démodés » et « faussement patriotards ». Cela dit, et même si les députés du parti trotskyste algérien ne se font pas trop d'illusion quant à l'adoption aujourd'hui du projet, sans leurs amendements qui vont à l'encontre de l'esprit et de la lettre du document tel que proposé par le gouvernement et légèrement amendé par la commission économique de l'APN, il reste que face à la platitude des débats au sein de l'hémicycle, dont certaines interventions versent carrément dans la prose et les louanges du gouvernement, le PT a tenu le rôle du « trouble-fête ». Il a même réussi « l'exploit » de se voir accepter par la commission économique presque tous les amendements qu'il a proposés, soit 79 sur les 80 formulés. Le MSP a proposé, quant à lui, 3 amendements alors que le FLN n'en a proposé qu'un seul. Et hormis certaines interventions nuancées des parlementaires du MSP, les parlementaires de la coalition FLN, RND, et MSP adopteront, à n'en point douter, le projet aujourd'hui, sachant que le président tournant de l'Alliance présidentielle Abdelaziz Belkhadem avait annoncé la couleur en appelant les députés de la coalition à voter tous les projets de loi présentés lors de cette session de l'APN. Quant aux députés du MRN, ils se sont fait discrets. La crise interne que vit ce parti a considérablement réduit sa marge de manœuvre au sein de l'Assemblée populaire nationale. Par ailleurs, des parlementaires, notamment ceux du PT, n'ont pas manqué de relever la célérité ayant caractérisé la discussion de ce projet de loi à controverse. « Il a été expédié afin d'empêcher un vrai débat sur une question aussi sensible », tempête l'un d'eux. Certains au sein de l'hémicycle voient dans l'adoption rapide de la ratification de l'accord d'association avec l'Union européenne et de la nouvelle loi sur les hydrocarbures, une volonté du président de la République de montrer à ses invités lors du sommet des Etats de la Ligue arabe toute l'étendue des chantiers et des réformes engagés dans le pays.