Une liste d'une dizaine de personnalités, probablement des hommes d'affaires, aurait été adressée hier au poste-frontière afin de les empêcher de quitter le territoire national, selon des sources dignes de foi. Ali Haddad, le patron du groupe ETRHB et ex-président du FCE, a été interpellé, hier, à 3h au niveau du poste frontalier d'Oum Teboul (El Tarf), par des éléments des Douanes algériennes, alors qu'il tentait de quitter le pays vers la Tunisie, avons-nous appris de sources sécuritaires. En fin d'après-midi, il a été transféré avec son chauffeur au siège de la sûreté de daïra d'El Kala (El Tarf) pour être auditionnés avant de les présenter, éventuellement, devant la justice d'El Tarf, sinon les transférer vers Alger pour la suite de la procédure. Aussitôt, des citoyens, qui suivaient de près l'évolution de cette affaire, se sont rassemblés autour des locaux de la police en scandant des slogans hostiles au milliardaire. «Klitou lebled ya sarakine» (Vous avez siphonné le pays, espèce de voleurs, ndlr). A l'heure où nous mettons sous presse, rien n'a filtré sur les chefs d'inculpation retenus à son encontre. Tout a commencé hier à 3h, lorsqu'une voiture de type Volkswagen Passat noire, immatriculée à Alger, a stationnée au niveau de ce poste-frontière, à bord de laquelle, il y avait Ali Haddad et son chauffeur. Selon toujours les mêmes sources, ils ont présenté leurs passeports pour le contrôle douanier d'usage. Bien qu'il porte une casquette, l'agent des douanes en faction l'a reconnu. Sans hésiter, il a demandé à son supérieur, s'il est autorisé à procéder aux formalités douanières. Après avoir contacté les services de sécurité, ces derniers ont ordonné son interpellation en attendant que les autorités judiciaires décident de son sort, sachant que Ali Haddad ne figure pas sur la liste des personnes interdites de quitter le territoire national (ISTN). Alertés, tous les hauts responsables des services de sécurité – militaires, Gendarmerie et Sûreté nationales – ont fait immédiatement le déplacement vers ce poste-frontière, le plus important d'Algérie en matière de trafic de voyageurs. Haddad a été auditionné, officiellement, une première fois, ainsi que son chauffeur. Et si l'ex-patron des patrons a été maintenu en garde à vue, son chauffeur a, quant à lui, été libéré. Cependant, il n'a pas quitté les lieux, attendant les mesures qui seront retenues contre son employeur. Au milieu de la journée d'hier, une décision a été prise de fouiller son véhicule. Une fouille minutieuse qui a permis de découvrir, à bord, un autre passeport algérien, deux permis de conduire, quatre cartes bancaires, quatre téléphones cellulaires et des sommes d'argent en monnaie nationale et étrangères. Il s'agit de 410 000 DA, 5000 euros et 100 dollars. Quelques instants plus tard, c'est la brigade cynophile qui a surgi, passant au peigne fin le véhicule du milliardaire. Aucun produit prohibé n'a été trouvé. Il faut dire que Ali Haddad, l'une des plus importantes fortunes de l'Algérie, vit actuellement les plus mauvais moments de sa vie. Après avoir quitté le Forum des chefs d'entreprise, il a cédé ses parts (17%) dans le capital de l'entreprise des fertilisants – Fertial – au groupe public Asmidal, alors qu'il convoitait, en août 2018, les actifs (49%) de l'espagnol Villar Mir dans cette même entreprise pour devenir actionnaire majoritaire. De par sa proximité avec Saïd Bouteflika, le frère du Président sortant, il s'attendait, vraisemblablement, à d'autres mauvaises surprises, d'autant plus que son clan est actuellement aux aguets. Sa décision de quitter l'Algérie par voie terrestre alors qu'il pouvait voyager vers n'importe quel pays via l'aéroport international d'Alger, semble être son ultime issue. A suivre…