L'accusé a usé de son coutelas, un jeu dont il se délecte, pour planter sa lame jusqu'à la garde dans le thorax de sa victime. La mine revêche A.M.Samir, âgé de 25 ans, campe jambes écartés et bras ballants, dans un premier temps, devant la barre des accusés, avant de se raviser en croisant ses mains derrière le dos. L'espace de quelques secondes, la présidente du tribunal, Mme Maâlem, jauge ce repris de justice notoire avant de le soumettre à un judicieux jeu de questions/ réponses. En bombant le torse, comme un paon fier de son plumage, l'accusé semble beaucoup plus attentif à ne pas décevoir son épouse et sa génitrice présentes à son procès ce 12 avril. Vraisemblablement, il sentait leurs regards pleins de tendre affection fixés sur son dos. Tout dans son attitude indique qu'il n'avait fait que ce qu'il avait de mieux à faire. « Je me suis défendu ! » ressasse-t-il, sans éprouver le moindre remord à l'égard de sa victime. Les faits ont eu pour théâtre la bourgade de Boudjemaâ, sur le territoire de la commune de Hassi Bounif, dans la contrée est d'Oran. C'est désormais son ex-lieu de résidence, où il traîne sa sombre réputation de violent, comme un lépreux sa clochette. Une fois de plus, A.M.Samir a usé de son coutelas, un jeu dont il se délecte, en cet après-midi du 20 octobre de l'année précédente, vers 13h. Selon les résultats de l'expertise médicale, il a planté sa lame jusqu'à la garde dans le thorax de sa victime, H.Ahmed, âgé de 36 ans. « Vous n'aviez donc pas l'intention de le blesser ? », interroge la magistrate quelque peu décontenancée par l'attitude de cet accusé, qui semble très à l'aise dans sa veste de sport d'un blanc immaculé. « Il a tiré son couteau, j'ai fait de même dans un réflexe de défense », ergote-il avec un air canaille. Un murmure se fit entendre dans la salle d'audience. N'ayant vraisemblablement pas compris la réponse de son fils, la mère venait de s'adresser à sa bru. La présidente réclame le silence avant d'inviter le représentant du ministère public à entamer son réquisitoire. L'avocat général a mis en évidence l'intention manifeste de donner la mort, en faisant remarquer que « si l'accusé a ciblé un point sensible dans le corps de sa victime, ce n'était certainement pas pour le blesser ». Il conclut en requérant la réclusion criminelle à perpétuité. Au terme des délibérations, le tribunal criminel a retenu la peine requise en rejetant ainsi la requête des défenseurs, relative au bénéfice des circonstances atténuantes. A l'annonce du verdict, un rictus a déformé le visage d'A.M.Samir, qui n'a finalement pas révélé les véritables raisons qui l'ont poussé à commettre cet assassinat.