Epoustouflantes, les manifestations d'hier se sont illustrées par une détermination inouïe des citoyens, encore plus nombreux, qui exigent le départ radical et sans concessions des symboles du régime : «Ni Bedoui, ni Bensalah, ni Belaïz, tous les symboles souillés du régime doivent partir.» Le nouveau gouvernement en a eu pour son grade également : «Non au gouvernement sans pouvoir de décision, non au replâtrage, non au recyclage !» Redoublant de férocité, mais sans insultes, les manifestants se sont attaqués à ceux qui se considèrent comme nationalistes et moudjahidine : «Ils se disent nationalistes et vendent de la cocaïne.» On rivalisait de slogans dénonçant le régime scélérat et ses lâches suppôts : «On veut des comptes. Les assignations à résidence et la prison ne sont pas suffisants pour les prédateurs et les dictateurs !» Dans un climat de suspicion, aspergé d'un océan d'informations non vérifiées, la population de Maghnia alerte les autorités militaires au niveau du tracé frontalier avec le Maroc : «Surveillez les frontières, Louh est dans les parages, il veut fuir !» Des informations circulent depuis jeudi faisant état de l'interception de trois véhicules contenant 500 000 euros et 10 milliards de centimes dans la bourgade de Boukanoun, à deux pas du village marocain Ahfir, village de l'ancien ministre de la Justice, garde des Sceaux. «Il a construit 4 prisons dans la wilaya de Tlemcen pour nous y mettre tous, il sera le premier à inaugurer l'une d'elles comme accusé», déclaraient en cascade les manifestants en colère. Jamais la wilaya de Tlemcen, de Ghazaouet à El Aricha, n'a aussi exprimé sa révolte contre les Bouteflika et la maffia locale longtemps soutenue et encouragée par les commis de l'Etat. «On n' en veut pas de ce wali, des institutions élues, des fraudeurs, affairistes, haggarine !» exigeaient les protestataires, bariolés aux couleurs de l'emblème national…