Le cinéaste algérien Rachid Bouchareb a été désigné comme membre du jury international du 61e Festival de Cannes que présidera le cinéaste américain Sean Penn, entouré aussi par Sergio Castellitto, Alfonso Cuaron, Nathalie Portman, Alexandra Maria Lara, Apichatpong Weerasethakul. A compter du 14 mai et ce jusqu'au 25 du même mois, les marches du grand palais du Festival recouvertes du fameux tapis rouge seront montées par des cinéastes de renom dont les films sont en compétition et hors compétition, parmi lesquels Emir Kusturica, Clint Eastwood, Steven Spielberg, Woody Allen, Wong Kar Wai, Wim Wenders... 54 films de 31 pays sont dans les sections officielles, dont 20 films en compétition pour la Palme d'or (d'autres seront sans doute ajoutés, notamment des films français), tandis que la section « Un Certain Regard » comprend 19 films. Comme chaque année, il y a eu à travers le monde une grande inflation de nouvelles productions. Les sélectionneurs du 61e Festival de Cannes ont reçu quelque 4000 films de 107 pays, dont 1792 longs métrages et 2233 courts métrages qu'il fallait visionner et trier ! On ne connaît pas encore la sélection des sections parallèles : « La Quinzaine des Réalisateurs » qui fête cette année son quarantième anniversaire et « La Semaine de la Critique ». La plupart des films de Cannes cette année sont européens ou américains. Mais un vent d'Orient soufflera aussi sur la Croisette, avec les films de Wong Kar Wai (Chine), Jia Zangke (Chine), Nuri Bilge Ceylan (Turquie). « Un Certain regard » se signale par les seuls films du monde arabe (Liban), mais on prévoit aussi la sélection du dernier film de Yousry Nassrallah (Egypte) à la Quinzaine probablement. La grosse compagnie de production égyptienne Good News n'a pas été capable d'inscrire l'une de ses productions à Cannes cette année en dépit d'une intense campagne médiatique (voir les articles trop élogieux pour être honnêtes dans la presse française, payée pour ça...). Le cinéma africain est encore une fois absent de Cannes.Il faudra se rendre au Marché du film, au stand de la francophonie (stand Sud), pour avoir un rapide aperçu des dernières productions (France-Afrique, France-Maghreb) sur un écran vidéo. L'Afrique du Sud, le Nigeria et le Maroc ont cette année encore leurs propres stands au bord de la plage. Les cinéastes du Sud vont encore une fois palabrer à gogo sur les critères de sélection du Festival de Cannes, qui aboutissent quasiment chaque année à leur mise à l'écart. Mais quand il y a des films de qualité, ils passent sans problème à Cannes comme ceux de Rachid Bouchareb et Abderrahmane Cissako. Si Kechiche préfère de loin la Mostra de Venise, Moknèche va souvent pour sa part à San Francisco. Les critères de sélection posent aussi des problèmes, y compris en France. Le délégué général du Festival, Thierry Frémaux, a laissé entendre lors de la conférence de presse du 23 avril que la liste des films en compétition n'était pas complète. Le suspense dure encore pour les films français en attente d'être choisis ou rejetés. Ad nauseam En dépit de l'admiration que nous portons au travail du Festival de Cannes, il faut regretter très vivement qu'un documentaire français de Daniel Leconte sur les caricatures de l'Islam et du Prophète (qui fera plaisir aux journaleux occidentaux haineux) fasse partie de la sélection officielle. Nous estimons que ce n'est pas dans la ligne d'un festival digne de ce nom. Cela va relancer ad nauseam les polémiques. Ce n'est pas une attitude rigoureuse de la part du délégué général responsable de tous les programmes. Ce film va sûrement heurter les sentiments des participants de religion musulmane. La satire d'accord, mais dans le respect de toutes les croyances.