Auteurs présumés d'agressions à l'arme blanche et de vols de téléphones portables lors des manifestations de vendredi dernier à Alger, six personnes ont été arrêtées et déférées aujourd'hui devant le parquet d'Alger. Elles ont été identifiées grâce aux vidéos et photos publiées sur les réseaux sociaux et les enregistrements des caméras de surveillance installées dans les espaces publics. Vingt-deux plaintes ont été déposées auprès de la police. Même si cela constitue des actes isolés, les agressions commises lors des deux dernières marches à Alger ont soulevé un tollé sur les réseaux sociaux et de nombreuses réactions de condamnation, suscitant l'ouverture d'une enquête et l'intervention de la police. En 24 heures, six jeunes, âgés entre 22 et 28 ans, tous des repris de justice, ont été arrêtés, ils doivent être présentés aujourd'hui devant le parquet d'Alger. Deux d'entre eux sont d'El Harrach, deux autres de la rue Asselah Hocine, à Alger-Centre, et les autres viennent de Bachdjerrah et de Baraki. Selon les services de police, tous auraient été reconnus et identifiés sur la base des enregistrements des caméras de surveillance installées sur la voie publique, ainsi que des vidéos et des photos diffusées sur les réseaux sociaux par des témoins oculaires. Les mêmes sources affirment que les mis en cause «ont reconnu les faits après avoir été confrontés à leurs victimes». La première agression à coups de couteau et de cutter a été commise contre de jeunes manifestants, à quelques centaines de mètres de la place Maurice Audin, au centre de la capitale. Témoins de ces actes ignobles, des citoyens ont filmé les scènes, d'autres ont pris des photos et les ont diffusées sur les réseaux sociaux. Tout de suite après, des milliers d'internautes les ont partagées suscitant une rapide réaction des services de police. Quelques heures plus tard, deux jeunes manifestantes ont été prises à partie par un groupe de délinquants rue Didouche Mourad. Selon des témoins oculaires, cités par le site électronique Interligne, elles se dirigeaient vers la place Maurice Audin, lorsque l'une d'entre elles a reçu un coup de coude au bras. En tentant de comprendre les raisons d'une telle brutalité, la deuxième fille a eu droit à un chapelet d'insultes et de vulgarités. Terrorisées, les deux manifestantes ont pris la fuite vers le cinéma Algeria. Elles ont vite été rattrapées par un autre groupe de plusieurs dizaines de délinquants. L'une des jeunes filles a été passée à tabac, devant le regard médusé des passants. Quelques-uns ont tenté d'intervenir, mais les menaces des agresseurs les ont fait reculer. Tabassées par des délinquants devant le regard médusé des passants L'une des jeunes femmes a reçu plusieurs coups de poing, avant que les agresseurs ne forcent la porte de la salle de cinéma, pour faire entrer leurs deux victimes et les diriger vers les sanitaires du premier étage. «A l'intérieur, les victimes terrorisées criaient de toutes leurs forces, en vain. Un groupe de manifestants a réussi à dégager une partie des délinquants, qui ont envahi la salle, mais les filles étaient coincées dans les toilettes avec un groupe d'une vingtaine de jeunes. L'agent de sécurité de la salle a tenté de convaincre les agresseurs, mais ces derniers lui ont dit que même si la police venait, ils vont rester ici (dans les toilettes du premier étage de la salle). Cinq manifestants très courageux ont réussi à s'imposer devant les délinquants et ont pu extraire les deux filles, qui ont été évacuées par la porte de secours qui donne sur le commissariat du 6e arrondissement, situé non loin de l'hôtel Suisse», écrit le site. Traumatisées, les deux jeunes filles ont eu peur de déposer plainte, et ce sont les témoins oculaires qui ont identifié au moins deux des auteurs de cette grave agression. Acte isolé ou pas, elle intervient après les appels à la violence contre les femmes, dont l'un des auteurs, fort heureusement, est poursuivi par la justice. Durant la marche du vendredi 5 avril, plusieurs militantes des droits des femmes ont fait l'objet de violentes attaques, au centre-ville, commises par un groupe de manifestants s'offusquant de les voir hisser des banderoles avec des mots d'ordre pour l'égalité des droits entre les hommes et les femmes. Diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo montre des hommes agressant des manifestantes, leur arrachant les pancartes et les banderoles, devant le regard impuissant des policiers. Cette violence dans les propos et le comportement a choqué plus d'un. Dans son communiqué d'hier, la Direction générale de la Sûreté nationale a affirmé avoir ouvert une enquête, sur instruction du parquet d'Alger, qui a abouti à l'arrestation de six présumés auteurs des agressions contre les manifestants et les manifestantes, et appelé les citoyens à alerter ses services à travers son numéro vert (48-15 et 17), sur tout agissement ou acte qui porte atteinte à la sécurité des citoyens. Il est également important de rappeler que de nombreuses autres personnes ont été interpellées par la police, après avoir été identifiées comme étant les auteurs présumés des informations publiées sur les réseaux sociaux et jugées calomnieuses ou attentatoires à la vie privée des citoyens. Pour les services de police, de plus en plus de personnes déposent des plaintes contre les auteurs, souvent anonymes, de calomnies, menaces, injures ou diffamation sur la Toile bleue. «Tout clic sur un PC a une traçabilité et les auteurs sont automatiquement identifiés. Plusieurs personnes ont été interpellées après des dépôts de plainte de leurs victimes. Il faut que les Algériens apprennent à recourir à la justice à chaque fois qu'ils s'estiment lésés par un contenu publié sur les réseaux sociaux», nous explique une source sécuritaire.