Des sources policières confirment l'arrestation d'un des deux lanceurs d'appel au lynchage des femmes qui ne portent pas le voile. Identifié, il a été présenté au parquet d'Oran, vendredi dernier, puis placé sous mandat de dépôt, pour «incitation à la violence», alors que l'enquête se poursuit. Après avoir reçu de nombreuses plaintes de citoyens, les services de police ont ouvert une enquête pour identifier les auteurs de l'appel à asperger d'acide le visage de toute femme ne portant pas le voile, diffusé sur les réseaux sociaux sous le slogan : «Frappe, prend la fuite et laisse la défigurée comme ça elle ne sortira plus de la maison». Quelques jours seulement ont permis aux enquêteurs d'identifier la personne qui se cache derrière le nom d'Amir Boukli Hassen, auteur de l'appel illustré par le logo de Sonatrach, qui a fait le buzz sur la Toile et suscité la colère des internautes. Les propos contenus dans certaines réactions étaient plus virulents, voire plus graves que l'appel en question. Parmi eux, cette phrase : «C'est une bonne idée. Si on l'applique, on va éduquer ces chiennes qui n'ont pas quelqu'un qui les contrôle», lancée par un certain Omar Abdellah, un jeune d'une trentaine d'années, qui a été le premier à être arrêté par les services de police et présenté au parquet d'Oran, vendredi dernier, soit le premier jour de l'Aïd. Selon nos sources, l'enquête de police se poursuit pour identifier les autres lanceurs d'appel au lynchage des femmes, dont la liste a été arrêtée. «Tout ce qui s'écrit sur les réseaux sociaux a une traçabilité. De ce fait, l'identification des auteurs de tout propos contenant des appels à la violence, des menaces ou toute autre déclaration qui tombe sous le coup de la loi, n'est qu'une question de temps pour les unités spécialisées en cybercriminalité, qu'elles soient de la police ou de la Gendarmerie nationale», révèlent nos interlocuteurs. Selon ces derniers, l'appel en question est un «fait grave qui tombe sous le coup du code pénal». A signaler que cet appel a suscité la réprobation de la société civile, qui n'a pas manqué d'interpeller les pouvoirs publics, d'autant qu'il a été lancé juste après l'agression d'une jeune femme juste parce qu'elle faisait du jogging juste avant la rupture du jeûne, moment où, pour ses agresseurs, «les femmes doivent être à la cuisine». L'apparition en pleure de cette victime sur les réseaux sociaux se plaignant de ceux qui l'ont violentée mais aussi des gendarmes qui ont refusé de prendre sa plainte, a suscité un large mouvement de solidarité. Des milliers de femmes et d'hommes ont décidé de courir au même endroit où la jeune femme a été agressée et à quelques heures de la rupture du jeûne en réponse aux inquisiteurs. Sous le slogan : «C'est moi qui décide où je dois être», les marcheurs ont exprimé leur colère mais aussi leur soutien aux femmes victimes de violence, un peu partout dans le pays. Les auteurs d'agression et d'appel à la haine et la misogynie tombent tous sous le coup de la loi, et doivent répondre de leurs actes condamnables devant la justice. Ils doivent être un exemple pour tous ceux qui osent violer les libertés et les droits des citoyens...