Même l'opposant Mir Hossein Moussavi a appelé la nation à « résister contre les menaces extérieures ». Sans surprise, la conférence sur le désarmement nucléaire, convoquée au pied levé par Téhéran pour contrebalancer celle de Washington, s'est achevée hier sans étincelles. Le ton était ferme, mais les participants affichaient un sourire radieux d'être tous sur la même longueur d'onde : contrer le gendarme américain qui vient de s'auto-offrir un droit d'attaque nucléaire qu'il refuse aux autres. Les participants à la conférence internationale sur le désarmement nucléaire à Téhéran, dont des représentants de la Chine et de la Russie, ont ainsi dressé leur bouclier. Ils ont mis en garde contre toute attaque des sites nucléaires et insisté pour qu'Israël rejoigne le Traité de non-prolifération (TNP), selon la télévision d'Etat. « Toute attaque contre les sites nucléaires civils aura des conséquences négatives sur les hommes et l'environnement et constituera une violation du droit international et de la Charte des Nations unies », ont affirmé les participants, selon le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki. Dans leur nouvelle doctrine nucléaire, rendue publique récemment, les Etats-Unis n'ont pas exclu une attaque contre l'Iran et la Corée du Nord en cas de conflit. Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, avait attaqué les Etats-Unis, « seul criminel atomique du monde », dans un message lu samedi, lors de la première journée de la conférence qui a réuni une dizaine de ministres et vice-ministres des Affaires étrangères, en l'absence des Occidentaux. Les participants à cette conférence ont demandé qu'Israël adhère au TNP. Ils ont insisté sur le désarmement nucléaire dans le monde, « en particulier au Proche-Orient » et demandé, « comme premier pas, que le régime sioniste adhère au TNP et mette sous le contrôle de l'Agence internationale de l'énergie atomique ses installations nucléaires », a déclaré M. Mottaki. Le président Mahmoud Ahmadinejad a proposé samedi la création d'un « organe international indépendant » pour contrôler le désarmement nucléaire et la non-prolifération, réclamant aussi que les puissances nucléaires, Etats-Unis en tête, soient écartées de l'AIEA et de la révision du TNP. Duel à New York Aussi paradoxal que cela puisse paraître, même le candidat malheureux à l'élection présidentielle iranienne, Mir Hussein Moussavi, pourtant chouchou de l'Occident, a ramé à contre-courant de la stratégie du « groupe de Washington ». Il a, en effet, préféré apporter de l'eau au moulin de son « ennemi intime », Ahmadinejad, en fustigeant le club nucléaire, même s'il impute la responsabilité de la situation aux autorités de son pays. La nation iranienne résistera dans l'unité à toute « menace extérieure » mais n'oubliera pas « la responsabilité » des autorités dans la crise, a-t-il déclaré hier sur son site internet. Cela étant dit, le nucléaire qui a irradié, quinze jours durant, les relations internationales grâce à la volonté de deux hommes aux objectifs qui ne sont pas trop éloignés – un monde dénucléarisé – du moins en théorie, promet de reprendre de plus belle en mai prochain à New York à l'occasion de la conférence sur l'avenir du TNP. Mais cette fois, les deux protagonistes, qui viennent de se déclarer une guerre froide par conférences interposées, vont devoir s'affronter en duel devant toute la communauté internationale. Eh oui, à New York, Ahmadinejad y sera, n'en déplaise à Obama. Et en conquérant puisqu'il aura l'occasion de constater devant le monde entier l'absence d'Israël qui s'est auto-exclu du TNP. Cela devrait enrichir le débat…