Pour l'instant, Benyamin Netanyahu, qui sera à la tête du nouveau gouvernement israélien après sa victoire aux législatives, semble avoir réussi à diviser durablement les rangs palestiniens. Le nouveau gouvernement palestinien dirigé par Mohamed Shtayyeh a prêté serment, samedi, devant le président Mahmoud Abbas, dans son siège à Ramallah, en Cisjordanie occupée. Ce 18e gouvernement depuis l'installation de l'Autorité palestinienne dans les Territoires palestiniens occupés, suite aux Accords d'Oslo en 1993, est composé par le mouvement Fatah et quelques autres factions de l'OLP, qui ont accepté d'y participer. Cinq de ses ministres sont de hauts cadres du Fatah de la bande de Ghaza. Les ministres des Affaires étrangères et des Finances sont restés à leurs postes. Les mouvements du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) et du Front démocratique de libération de la Palestine (FDLP), deux piliers de l'OLP, n'ont pas accepté de rentrer dans le gouvernement de Mohamed Shtayyeh, membre du comité central du Fatah. Le FPLP et le FDLP appellent à mettre en place un gouvernement d'union nationale, avec la participation de l'ensemble des forces palestiniennes, y compris le mouvement Hamas et le Djihad islamique qui n'ont toujours pas adhéré à l'OLP, reconnue mondialement comme le représentant légitime et unique du peuple palestinien. Ces deux factions, dont les divergences avec le Fatah sont très importantes, n'ont pas été invitées à faire partie de ce nouveau gouvernement qui a remplacé celui de la conciliation nationale dirigé par Rami Al Hamdallah, qui n'a pu concrétiser sa mission de réunir les deux ailes de la Palestine occupée, Cisjordanie et bande de Ghaza. Il n'a pu mettre un terme à la division politique et géographique entre la bande de Ghaza contrôlée par le mouvement Hamas au prix d'un putsch armé depuis l'été 2007 et la Cisjordanie occupée, restée aux mains de l'Autorité palestinienne. Autorité présidée par Mahmoud Abbas qui est le chef du mouvement Fatah. Profondes divisions Malgré la bonne volonté du nouveau Premier ministre, qui a affirmé que son gouvernement est celui de l'ensemble des Palestiniens, le mouvement Hamas a déclaré que ce gouvernement «séparatiste» ne fera qu'approfondir la division. «La formation par le Fatah du gouvernement de Mohammed Shtayyeh poursuit la politique de démarches unilatérales, approfondissant la division, aux dépens de l'unité et des intérêts du peuple palestinien. C'est le gouvernement séparatiste qui manque de légitimé constitutionnelle», a soutenu le mouvement Hamas dans une déclaration à la presse. L'envoyé de l'ONU au Moyen-Orient, Nickolay Mladenov, a salué, quant à lui, dans un communiqué, la formation du nouveau gouvernement. «L'ONU reste complètement engagée à travailler avec les dirigeants et le peuple palestiniens pour mettre fin à l'occupation et à faire avancer leurs aspirations nationales légitimes à obtenir le statut d'Etat selon les résolutions adoptées par l'ONU», a-t-il affirmé. Horizon sombre Le président Mahmoud Abbas a décidé de mettre un terme au gouvernement de Rami Al Hamdallah, composé en accord total avec le mouvement Hamas en 2014, accusant ce dernier de l'avoir empêché d'avoir les pleins pouvoirs à Ghaza, où il contrôle, d'une main de fer, toutes les facettes de la vie quotidienne. Le nouveau gouvernement n'aura, également, aucune sorte de pouvoir dans l'enclave palestinienne. En cette période de crainte pour l'avenir de la cause palestinienne menacée par la «transaction du siècle», un plan de paix américain qui ignore les droits inaliénables du peuple palestiniens garantis par le droit international, la perspective d'une réconciliation inter-palestinienne semble s'éloigner de plus en plus. L'histoire sera sans pitié pour tous ceux qui ont œuvré à la séparation de la bande de Ghaza du reste des Territoires palestiniens occupés en 1967. Pour l'instant, Benyamin Netanyahu, qui sera à la tête du nouveau gouvernement israélien après sa victoire aux législatives, semble avoir réussi à diviser durablement les rangs palestiniens. Au cours de sa campagne électorale, il a déclaré publiquement que la division palestinienne est un intérêt stratégique pour Israël et qu'il ne permettra jamais le retour du président Abbas dans la bande de Ghaza. La transaction du siècle repose essentiellement sur le maintien de la séparation de la bande de Ghaza, où a vu le jour un pseudo Etat palestinien gouverné par le mouvement Hamas. Une Cisjordanie dont de larges parties seront annexées à Israël découpée en bantoustans isolés. Ce sera la fin de la solution à deux Etats prônée par la communauté internationale et acceptée par l'Organisation de libération de la Palestine. Pour la rue palestinienne exténuée par une douzaine d'années de division, elle ne s'attend guère à une amélioration de ses conditions de vie malgré les promesses de Mohamed Shtayyeh.