L'alerte est donnée à travers l'affaire du jeune Youcef Boudjedoune qui sera jugé, dans les jours à venir, par le tribunal de première instance de Mila, pour avoir exercé son droit constitutionnel de liberté d'expression. Appelé à la barre du tribunal hier, dimanche 14 avril, le blogueur de Mila comparaîtra finalement le 28 avril prochain, après le report de son procès sous la pression de la rue. Pour rappel, M. Boudjedoune, âgé de 39 ans et propriétaire d'un café internet dans la ville de Mila, a été interpellé il y a environ un mois par la police, qui lui reproche des publications datées des 9, 10 et 11 mars, qualifiées d'attentatoires à la personne du président de la République et appelant à la désobéissance civile. Il sera jugé pour une prétendue atteinte à la personne du président Bouteflika, alors qu'en réalité il n'a fait que partager sur sa page Facebook des publications d'autrui, ce qui est «très en harmonie avec l'esprit de l'article 144 bis du code pénal qui consacre le principe de la liberté d'opinion et d'expression», déclare à El Watan Me Lotfi Harrat, l'un des membres du collectif constitué pour la défense de l'inculpé. Les avocats, qui se sont constitués gratuitement pour sa défense, sont unanimes : «L'accusation retenue par l'instruction contre le jeune Youcef Boudjedoune est un grave précédent qui constitue une menace au principe même de liberté d'expression pourtant consacré par la loi.» La défense relève, par ailleurs, une autre violation aux droits du mis en cause. La défense déplore, en effet, le fait que «les citoyens venus, ce dimanche, soutenir le blogueur ont été empêchés d'entrer au tribunal sous prétexte qu'ils n'ont pas de convocation». Une mesure que le collectif des avocats considère comme une atteinte au caractère public des audiences. Les citoyens refoulés par la police ont organisé, en signe de solidarité avec le blogueur, un rassemblement à l'extérieur de l'enceinte du tribunal et demandé sa remise en liberté. Des banderoles portant des inscriptions appelant au respect du principe de liberté d'expression ont été brandies par des dizaines de citoyens devant les portes du tribunal. «Le procès a été finalement reporté pour le 28 avril sous la pression des citoyens», signale notre source.