Congrès du Changement Démocratique – (CCD) Bulletin des Droits de l'Homme. Mois de Mars 2015 Le régime persiste dans sa politique répressive avec son lot d'arrestations et de condamnations arbitraires ainsi que de son instrumentalisation scandaleuse de la justice pour s'attaquer à tous ceux qui osent réclamer leur droit à une vie juste et décente. Pour ce mois de Mars, c'est encore les militants du Sud (chômeurs de Laghouat et d'El Oued)qui subissent les affres de cette machine répressive. 1er mars : Le citoyen Rachid Aouine, militant des Droits de l'Homme a été arrêté ce jour au commissariat d'El Biadha (El Oued). Son domicile a été perquisionné et son ordinateur saisi. Il est à noter que ce citoyen avait, il y a quelques années de cela, dénoncé la corruption au sein des douanes où il exerçait et avait participé à plusieurs rassemblements à In Salah pour dénoncer l'exploration du gaz de schiste. Il est accusé d'avoir posté sur sa page facebook un appel aux policiers pour rejoindre la manifestation du 24 février 2015 contre le gaz de schiste. En réalité l'interrogatoire policier a porté sur sa participation aux manifestations organisées par les populations du Sud contre le gaz de schiste. Un autre activiste de la coordination des chômeurs et compagnon de Rachid Aouine, le jeune Ali Brahimi est également arrêté. 03 mars 2015 : Rachid Aouine est présenté au Parquet d'El Oued. Accusé d'incitation à la révolte, il est incarcéré à la prison d'El Oued. 09 mars 2015 : Procès de Rachid Aouine et d'Ali Brahimi au tribunal d'El Oued. Un important dispositif policier est mis en place autour du tribunal. Des citoyens venus de plusieurs régions d'Algérie sont arrêtés par la police. On note 55 arrestations. Plusieurs avocats du RADDH et de la LADDH II se sont constitués bénévolement pour défendre ces deux victimes de l'arbitraire. Non seulement le public n'est pas autorisé à assister au procès, mais plus grave la famille de Rachid Aouine est empêchée d'assister au procès de leur fils. Très vive réaction du collectif d'avocats devant ce viol de la loi. Le Parquet requiert une année de prison ferme. Après délibération, Rachid Aouine est condamné à 6 mois de prison ferme et à une amende de 50 000 DA. Son compagnon Ali Brahimi est acquitté. 09 mars 2015 : Première victime du rassemblement populaire d'In Salah pour dénoncer l'exploration du gaz de schiste. Il s'agit du jeune Moulay Nakhou, 33 ans, victime de la répression lors de la tentative de dispersion du rassemblement du 28 février 2015. 10 mars 2015. Tribunal de Ghardaïa. Procès du jeune blogueur Boughloussa Khoudir, 22 ans, originaire de Ghardaïa et exerçant comme technicien en informatique à Hassi Messaoud. Arrêté le mois passé et incarcéré, il est accusé « d'attroupement armé et de distribution de tracts portant atteinte à l'intérêt national ». Sur sa page facebook (Akhbar Taghardaït), il dénonçait les extrémistes chaambis qui agressaient ses compatriotes mozabites. Un collectif de 10 avocats a assuré sa défense (8 du RADDH et 2 de la LADDH II). Le Parquet demande la peine maximale. L'affaire a été mise en délibéré pour le 17 mars 2015. 10 mars 2015 : Rachid Aouine condamné arbitrairement à 6 mois de prison ferme et incarcéré à la prison d'El Oued, entame une grève de la faim illimitée. 11 mars 2015 : Tribunal d'Alger. 14h. Procès du jeune blogueur, Abdelghani ALOUI, de Tlemcen, avec comme chefs d'inculpation : « apologie du terrorisme » et « d'atteinte à corps constitué ». La défense a été assurée par un avocat du RADDH. Seule « l'atteinte à corps constitué » a été retenue contre lui. Il a été condamné à 6 mois de prison ferme. Cette peine a été couverte par sa détention provisoire qui avait duré 7 mois. 11 mars 2015 : Laghouat. Procès en appel de Khencha Belkacem et de ses huit compagnons. Le tribunal est encerclé par un nombre impressionnant de policiers. Une trentaine de citoyens ont été arrêtés aux alentours du tribunal. Selon des membres du collectif d'avocats (une douzaine du RADDH et de la LADDH II), les témoins ont été empêchés d'entrer à la salle d'audience, tout comme les familles des accusés. La salle est occupée pratiquement par des policiers en civil et en tenue. Le collectif d'avocats devant ces conditions anormales de déroulement du procès décident de se retirer. Le procès est alors reporté au 25 mars 2015. 11 mars 2015: Ghardaïa : 47 jeunes citoyens de Guerrara et 4 autres de Ghardaïa, arbitrairement accusés de troubles à l'ordre public sont jugés et acquittés après plusieurs mois de poursuites judiciaires. 15 mars 2015 : Regue Mohamed, Khencha Belkacem, Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Benkouider Faouzi, Bensarkha Tahar et Djaballah Abdelkader, détenus arbitrairement à la prison de Laghouat entament une grève de la faim illimitée, suite au renvoi de l'affaire Regue Mohamed à la date du 18/03 et celle des autres à la date du 25/03/2015. 17 mars 2015 : Le jeune blogueur Boughloussa Khoudir de Ghardaïa, jugé le 10 mars dernier a été condamné à 6 mois de prison ferme. 18 mars 2015 : la cour de Laghouat confirme le jugement de 18 mois ferme, du 11/03/2015 du jeune chômeur Regue Mohamed, handicapé moteur. 25 mars 2015 : 15e jour de grève de la faim de Rachid Aouine, à la prison d'El Oued. La date de son procès en appel est fixée au 8 avril 2015. 25 mars 2015 : Procès en appel de Khencha et de ses compagnons Brahimi Belelmi, Mazouzi Benallal, Azzouzi Boubakeur, Korini Belkacem, Benkouider Faouzi, Bensarkha Tahar et Djaballah Abdelkader. La veille de leur procès, ils ont été approchés par des fonctionnaires de la justice et du pénitencier pour exercer un odieux chantage et des pressions sur eux, leur « expliquant » que leur présence en prison était dû à « l'agitation » des avocats du RADDH et de la LADDH II et que pour retrouver leur liberté ils devaient les déconstituer. Certains détenus, hélas ont joué le jeu, avant de se reprendre le jour du procès. Des méthodes staliniennes malsaines et éculées utilisées par une justice aux ordres pour briser la volonté des jeunes militants. La cour confirme la condamnation en 1ere instance à 6 mois de prison ferme. Afin de ne pas oublier nos autres compatriotes arbitrairement incarcérés et qui croupissent dans les geôles de l'injustice, rappelons que : notre compatriote Abdessami Abdelhaï, correspondant de l'ex- journal Jaridati, croupit en prison depuis le 18 août 2013, sans jugement. Il est accusé d'avoir aidé le directeur de son journal à quitter clandestinement l'Algérie vers la Tunisie, accusation que refute Mr Abdessami. notre compatriote Youcef Ould Dadda croupit en prison depuis le 27 mars 2014, après sa condamnation en appel à 2 ans de prison ferme, pour avoir diffusé une vidéo montrant des individus en tenue de policiers, dévalisant un local commercial. Cellule des Droits Humains du CCD Mars 2015 http://ccdalgerie.org