Quelques dizaines de personnes, notamment des jeunes, ont répondu favorablement, hier, à l'appel au rassemblement de soutien au blogueur Slimane Bouhafs, condamné en première instance, par le tribunal de Béni Ourtilène, à cinq ans de prison ferme et 100 000 DA d'amende pour ses publications jugées "offensantes à l'égard de l'islam", qu'il avait postées sur sa page facebook. C'est à la veille de l'ouverture du procès en appel de ce père de famille, âgé de 49 ans, qu'un groupe de militants, issus de divers horizons et regroupés autour d'un comité citoyen de la commune d'Aokas, a organisé, hier matin, un sit-in sur la place jouxtant la poste, officieusement baptisée du nom de Katia-Bengana, pour réclamer "la libération immédiate" de ce "prisonnier d'opinion". "Il est vraiment aberrant de constater que des Algériens se trouvent emprisonnés pour leur choix religieux, alors que la loi fondamentale du pays garantit toutes les libertés individuelles et collectives", tempête un jeune citoyen d'Aokas devant une foule nombreuse déployant une immense banderole sur laquelle est écrit en lettres capitales "Libérez Slimane Bouhafs". Pour sa part, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (Laddh), qui a suivi cette affaire depuis le début, se prépare à suivre de près le procès en appel, prévu pour aujourd'hui, 30 août 2016, à la cour de la wilaya de Sétif. "Nous nous sommes déjà prononcés sur les irrégularités qui ont marqué le procès tenu en première instance. Pour cette fois-ci, un collectif d'avocats est déjà constitué pour assurer la défense du prévenu. L'Observatoire algérien des procès (OAP) pour un procès équitable, créé en 2015, par notre ligue, s'apprête, pour sa part, à observer ce procès", nous a déclaré, hier, le vice-président de la Laddh, Saïd Salhi. Notons qu'Amnesty International (AI), une autre ONG qui fait du respect des droits humains son cheval de bataille, a déjà rendu public un communiqué, à travers lequel elle demande aux autorités algériennes de "libérer immédiatement et sans condition le militant Slimane Bouhafs". Rappelons que ce dernier, originaire de la commune de Bousselam, dans le Nord sétifien, avait été arrêté par les services de la Gendarmerie nationale, le 31 juillet passé, en raison de ses publications sur facebook, perçues comme "une atteinte à l'islam et au Prophète Mohammed". Le 7 août dernier, il a été jugé par le tribunal de Béni Ourtilène qui l'a condamné à une peine de cinq ans de prison ferme assortie d'une amende de 100 000 DA pour "outrage au Prophète et dénigrement des principes et préceptes de l'islam, en vertu de l'article 144 bis 2 du code pénal algérien". KAMAL OUHNIA