Le procès judiciaire du blogueur Merzoug Touati, incarcéré depuis le 22 janvier 2017 à la prison d'Oued Ghir pour avoir publié un commentaire sur sa page Facebook et une interview sur YouTube, est enfin programmé. Il s'ouvre ce matin, à partir de 9h, à la session criminelle de la cour de Béjaïa. Une affaire enrôlée à la session criminelle après que le blogueur a entamé son sixième mouvement de grève de la faim, depuis sa détention, pour exiger la tenue de son procès. Merzoug Touati est poursuivi pour trois chefs d'accusation, à savoir "incitation à des attroupements sur les places publiques", "incitation à prendre des armes contre les autorités de l'Etat" et "intelligence avec une puissance étrangère". Sur ce dernier chef d'inculpation, il y a lieu de rappeler que le blogueur Merzoug Touati a diffusé une vidéo sur son blog portant sur "un entretien avec un diplomate israélien répondant aux accusations de l'ex-premier ministre Abdelmadjid Tebboune, qui a déclaré que c'est Israël qui était derrière les émeutes de Béjaïa en janvier 2017". Des accusations que le collectif de sa défense trouve exagérées. "Pour parler d'intelligence avec une puissance étrangère, il faut que l'accusé ait une fonction stratégique au sein des institutions de l'Etat", nous a déclaré Me Hamaili Abou Bakeur Essedik, l'un des avocats de la défense, avec Me Salah Debouz. Me Iken Sofiane fait également partie de la défense au nom de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme. Me Hamaili et Me Ikene ont rendu visite hier, soit la veille de son procès, au blogueur à la prison d'Oued Ghir. "Le blogueur Merzoug Touati tient bon moralement même s'il a perdu du poids. Il peut comparaître devant le juge", nous a déclaré en substance, hier, Me Hamaili. "On sera présent demain (aujourd'hui ndlr) au procès du blogueur Touati Merzoug au tribunal de Béjaïa pour sa défense et l'observation de son procès pour un procès équitable par le biais de l'Observatoire algérien de procès", nous a déclaré de son côté M. Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme. Par ailleurs, Amnesty International a rendu une déclaration à la veille de l'ouverture de ce procès, unique dans les annales judiciaires algériennes, dans laquelle cette ONG estime, eu égard aux chefs d'inculpation pour lesquels il est poursuivi, que l'accusé encourt une peine de condamnation à mort. Une peine contre laquelle se bat Amnesty International pour son abolition dans le monde. Amnesty International qui a examiné les pièces judiciaires du dossier a soutenu qu'elles "ne contenaient ni incitation à la violence ni appel à la haine. Et que ses publications entraient dans le cadre de la liberté d'expression en lien avec son travail de journaliste citoyen". Ainsi, il est considéré par Amnesty International comme étant "un prisonnier d'opinion". Il y a lieu de rappeler qu'au moment de son arrestation, Merzoug Touati était au chômage et qu'il animait sa page Facebook et un blogalhogra.com. L. OUBIRA