L'Inter – qui semble enfin en mesure de remporter la Ligue des champions 45 ans après son dernier succès – et le FC Barcelone – champion d'Europe en titre, porté par l'exceptionnel Lionel Messi – vont disputer la première manche d'une demi-finale très ouverte, aujourd'hui à Milan. Il est tentant de faire de ce duel une opposition de style entre l'équipe de Jose Mourinho, héritière de la « grande Inter » qui, en élaborant le redoutable « catenaccio », avait remporté deux C1 (1964-1965) et celle de Josep Guardiola, énième et brillant rejeton d'un Barça, irrésistiblement porté vers l'avant. Mais tout cela tient aujourd'hui du cliché : la championne d'Italie évolue le plus souvent avec un n°10 et trois attaquants, tandis que le champion d'Espagne sait parfaitement bien se défendre et se replier si nécessaire. A ce stade de l'épreuve, les deux équipes prétendent légitimement à la victoire finale. Pour les Catalans, qui continuent de s'appuyer sur les cadres sacrés l'an passé à Rome – seul Eto'o est parti... à l'Inter, échangé avec Ibrahimovic – cela relève de la logique. Pour les Lombards, c'est un peu plus inattendu tant ils cumulaient les désillusions en C1 ces dernières saisons. Mais en éliminant Chelsea (2-1, 0-1) puis le CSKA Moscou (1-0, 0-1) avec quatre victoires à la clé, l'équipe lombarde a dépassé son « blocage mental » en C1, dixit Mourinho, et se retrouve aujourd'hui à un stade de l'épreuve qu'elle n'avait plus fréquenté depuis 2003. Fort malmenée en championnat par la Roma, l'Inter a en revanche toujours réalisé de bons matches en C1 depuis les huitièmes. Mardi, elle se reposera sur un effectif pratiquement au complet – aucun suspendu et un seul blessé, le latéral Santon – ce qui ne sera pas forcément de trop face à Messi, auteur d'un phénoménal quadruplé en quart de finale retour contre Arsenal (4-1). « S'il y avait un dieu du football, en ce moment, ce serait Messi, témoigne Eto'o, qui a remporté deux fois l'épreuve aux côtés de l'Argentin (2006 et 2009). Et s'il existe une meilleure équipe au monde, c'est Barcelone. » « Mais tout peut arriver et l'Inter veut réaliser son rêve. Et, heureusement, dans la vie, on a le droit de rêver », ajoute toutefois le Camerounais, buteur lors des trois derniers matches des Nerazzurri. A l'automne, les deux équipes s'étaient affrontées en phase de poules : après un 0-0 et une prestation moyenne des deux formations à Milan, les Nerazzurri avaient pris une leçon au Camp Nou (2-0). Mais depuis, ceux-ci ont repris confiance. De son côté, le Barça a mis deux jours pour rallier Milan via Cannes, contraint d'effectuer près de 1000 km en car en raison de la paralysie des vols due aux cendres du volcan islandais. Un long trajet qui pourrait fatiguer un peu plus une équipe apparue en retrait lors du derby face à l'Espanyol, samedi (0-0). Harcelée, elle a été incapable de développer son jeu habituel. Pour ne rien arranger, elle sera privée, à San Siro, du milieu Iniesta, le héros de la demi-finale de l'an passé (auteur du but de la qualification dans les derniers instants du match retour à Chelsea, 1-1), blessé à une cuisse et qui devrait être absent un mois. En revanche, Messi, le meilleur joueur du monde, sera bel et bien là et après sa performance d'ores et déjà historique contre Arsenal, il est très attendu face à une équipe qui, à n'en pas douter, lui laissera beaucoup moins d'espaces.