Les négociations portant sur certaines dispositions des conventions de branches, entamées juste après la dernière réunion tripartite, sont arrivées à terme, notamment en ce qui concerne le volet central des salaires et indemnités. Comme si elles avaient eu instruction de s'entendre sur une fourchette d'augmentation, les 22 fédérations syndicales de branches toutes affiliées à l'UGTA, les sociétés de gestion de participations (SGP) et autres tutelles des entreprises publiques, réunies autour des tables de négociation, n'ont pas trouvé beaucoup de difficulté à trouver un consensus sur les minima de hausses des salaires à accorder aux travailleurs, quelle que soit la situation économique et financière dans laquelle se trouvent les entreprises et les branches d'activités. Une situation que l'on sait peu reluisante, le secteur public économique étant composé d'environ 1400 entreprises dont près de 850 sont en faillite (actif net négatif). Les renégociations des conventions de branches sont généralement enclenchées à chaque augmentation du SMIG, qui crée des déséquilibres dans les grilles de salaires en rapprochant d'un peu trop près les salaires des travailleurs qualifiés de ceux qui ne le sont pas. Une course au rattrapage est alors automatiquement engagée quel que soient le niveau de productivité des travailleurs et les résultats financiers des entreprises qui les emploient. La déstructuration financière des entreprises publiques est en grande partie due à cette sournoise gestion administrée des salaires qui a, cette fois, pris option pour des augmentations de salaires beaucoup plus généreuses que par le passé. Selon une source proche de l'UGTA, corroborée par l'avis d'un responsable d'une SGP, toutes les branches d'activité économique, sans exception, bénéficieront d'un appréciable ajustement des salaires et indemnités, allant de 20% pour les secteurs les moins bien lotis (bois et bâtiment, travaux publics, textiles et cuirs etc.) à 30, voire même 35%, pour les entreprises financièrement opulentes, comme les banques et institutions financières, les matériaux de construction, la chimie et pharmacie etc. Les hausses de revenus décidées concerneront, non seulement, les salaires de base qui augmenteront d'environ 12% en moyenne, mais aussi les indemnités (environ 10%), telles que la prime de panier qui se voit pratiquement doublée, la femme au foyer avec une indemnité consensuelle de 1000 DA au lieu des 750 DA payés actuellement et les frais de mission qui passeront de 1800 DA à 3000 DA /jour. Déstructurée financièrement et en perpétuels découverts bancaires, la plupart des entreprises publiques économiques éprouveront, à l'évidence, d'énormes difficultés à honorer les engagements financiers liés aux substantielles augmentations de salaires ainsi décidées alors qu'elles ne parvenaient même pas à payer régulièrement leurs travailleurs. Il ne faudrait, en conséquence, pas s'étonner que ces dernières s'enlisent encore plus dans la déstructuration économique et financière avec son sinistre cortège de faillites et de dissolutions d'entreprises. Interrogé sur le bilan des négociations de conventions de branches dans le secteur privé, le responsable de la SGP nous a affirmé qu'elles n'ont pas eu l'impact escompté, du fait que l'UGTA est faiblement représentée dans les entreprises privées et que les patrons, pour la plupart rétifs au syndicalisme, ont refusé de jouer le jeu préférant manager les coûts du travail au gré de leurs résultats de gestion.