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Petites histoires de l'Amérique d'aujourd'hui
Publié dans El Watan le 23 - 04 - 2010

Entre l'Amérique colérique et l'Amérique calorique existe une zone grise : les Américains en chair et en os. Déchirons le voile des écrans de CNN et des réclames Mac Do et rapprochons-nous un peu plus de ces humains coincés entre deux océans et des guerres pathétiques. Rencontre avec une Amérique spontanée, sans VO et sans tabou.
Washington DC, NewYorkCity, St. Petersburg. De notre envoyé spécial.
Le bouclier et les fast-foods
Si l'Amérique était un contraste, ce serait un aéroport. La paranoïa de l'Amérique est aérienne. Et les aéroports, anciennement carrefour fantasmagorique de la Babylone post-moderne, sont devenus un champ de bataille, les sas de l'horreur, creuset de la guerre totale et lancinante contre la terreur. Les voyageurs enlèvent automatiquement leurs chaussures avant de passer au contrôle de sécurité. Procession silencieuse. Visages fermés des agents de la sécurité aérienne. On ne commente pas. On ne rigole pas. Le trait de feutre fluorescent sur votre carte d'embarquement est un marquage au fer : vous passez au contrôle spécial. Test de traces d'explosif ou scanner corporel, de marque ProVision, équipé du système d'ondes millimétriques, qui permet de voir à travers les tissus. Les procédures se déroulent dans le calme et le sérieux. L'agent vous explique la procédure. Ça se passe en général bien : mélange de tranquillité et d'angoisse profonde. On se sent automatiquement coupable de quelque chose. Passé ce stade paranoïaque, on tombe nez à nez avec l'« american way of life » avec ses calories et ses connexions sans fil ! Baja Fresh, Brioche Dorée, Zia's, Burger King, Carrabba's Italian Grill, TGI Friday's, l'inévitable Starbucks, etc. : des queues devant les caisses, des clients dévorant leurs burgers les yeux rivés sur l'écran du laptop. Les deux mondes, la paranoïa sécuritaire et la consommation érigée en sacerdoce, évoluent côte à côte en un saisissant contraste.
L'univers de Mike
Si l'Amérique était une gueule, elle serait celle de Mike, 35 ans, électricien en bâtiment. New-Yorkais, tee-shirt et jean, casquette portée à l'envers, la bouille joviale et avenante. Gueule de Wasp carré posée sur un gabarit d'athlète. Mike se dit « quiet », « tranquille » : marié et papa de Miky, 4 ans, « ma femme et mon fils, mes trésors ici-bas » et un boulot qui lui permet de temps en temps des petites vacances à trois à Washington ou au chaud, vers la Floride. « Mon univers, c'est ma petite famille. Je veux qu'elle vive bien, je veux que mon fils ait les meilleures choses sur cette terre. » « Mais… , Mike ne sourit plus. J'en ai vraiment marre de toute cette paranoïa qui a pris partout chez nous. Les mesures de sécurité, les suspicions, le sentiment de vivre tout le temps l'insécurité… Si quelque chose de mauvais arrive, eh bien ça arrive, et c'est tout… Ca empoisonne tout. »
La panique de Nader
Si l'Amérique était une panique, ce serait celle de Nader, 38 ans, responsable du bureau de Rafah, au sud de Ghaza, du quotidien palestinien Al Hayat Al Djadida, dont le siège principal est à Ramallah. Devant chaque sas de sécurité, devant chaque scanner, devant chaque agent de sécurité exigeant de montrer les I. D., les cartes d'identité, Nader perd son calme, panique un quart d'heure d'avance, trifouille nerveusement dans sa banane autour de sa taille. Un rictus se dessine sur ses lèvres. Il pousse un sifflement d'exacerbation à la perspective de la moindre fouille, à la vue d'un scanner de métaux. Il ne peut plus se retrouver entre ses dizaines d'autorisations : passeport de l'Autorité palestinienne, autorisation pour fouler le sol jordanien, sésame pour passer de l'Egypte vers le terminal de Rafah, papiers israéliens pour circuler entre Ramallah et Ghaza, autorisations de rentrer à Ghaza, l'une israélienne et l'autre de Hamas ! Il n'en pouvait plus, lui qui a passé deux heures d'interrogatoire au Dulles Airport (Virginie) à proximité de Washington, à l'entrée des Etats-Unis. « Toute notre existence, c'est les autorisations », lâche-t-il en montrant les documents qu'il porte sur lui comme un jeu de cartes en éventail, ou comme une tenaille.
L'effarement de Stan
Si l'Amérique était un étonnement, ce serait l'effarement de Stan, 23 ans, employé dans une librairie à Brodway Avenue, Manhattan, New York. Stan est étudiant en commerce. Il habite la ville voisine New Jersey et travaille à mi-temps pour payer ses études. Au deuxième étage de la librairie, il fait face à un réel problème : dénicher les dernières parutions sur le Moyen-Orient demandées par Nader, le journaliste palestinien. Il passe sa main dans ses cheveux ébouriffés avant de lancer un « Attendez une seconde » et de galoper vers l'ordinateur du caissier. Quelques secondes plus tard, fier de son efficacité (et de celle du fichier informatisé de la librairie), il revient avec des livres dans les bras, comme un butin de guerre chèrement acquis et les dispose devant Nader, sourire triomphant sur les lèvres. Nader prend les livres un à un, les feuillette, les repose en poussant un sifflement de dépit et en hochant négativement la tête. Il y a là plusieurs titres récents en anglais, mais il est intéressé par trois livres qu'il prend et repose plusieurs fois de suite sous le regard étonné de Stan. Il y a là la magnifique bande dessinée-enquête de Joe Sacco de 400 pages, Gaza 56, le livre enquête de Mosab Hassan Youcef et Ron Brackin, Son of Hamas, et le polémique et explosif essai de John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, The Israel Lobby and US Foreign Policy ! « C'est exactement ce que je veux acheter, s'enthousiasme-t-il en arabe, mais c'est impossible ! » Stan voit ses efforts bafoués par l'exacerbation du Ghazaoui. Alors ce dernier s'explique en anglais : « Je ne peux tout simplement pas acheter ces livres parce que je ne peux pas les faire entrer à Ghaza. Ni les Israéliens (surtout) ni le Hamas n'accepteront que je trimballe ces livres pour les prendre à Ghaza. C'est impossible. » « Je comprends pas, dit Stan. Si les Israéliens trouvent ce genre de livre sur moi, ils vont me causer beaucoup d'ennuis, ils vont m'humilier à la frontière et aux check-points, des coups de pied, des attentes durant de longues heures, une annotation sur le passeport pour te compliquer la vie, une arrestation, une interdiction de circuler, etc. », lance Nader devant l'air ahuri du jeune étudiant américain tranquille. L'ambiance de désinvolture de la librairie, avec ses affiches des derniers best-sellers, les lecteurs par terre feuilletant - écouteurs ipod à l'oreille - les dernières parutions mangas, cette ambiance vole en éclats devant la réalité de la barbarie israélienne qui interdit la circulation des livres. Nader remercie Stan qui, sans raison, s'excuse. « Je ne savais pas, je suis désolé, c'est vraiment… dommage, je veux dire - il hésite - ce n'est pas… normal… waw, je n'imaginais pas que… » Nader s'en remet à la terrible fatalité des Palestiniens dont la vie est une charte de douleur et sourit : « Ce n'est pas un problème, merci guy. » Stan met sa main sur l'épaule du journaliste de Rafah qui s'apprête à quitter à jamais la librairie : « Bon courage l'ami, bon courage. »
La flûte de Spy from Cairo
On allonge cinq billets au grand et sympathique Black à l'entrée avant de fondre sur un rideau de velours rouge et tomber sur le number one des clubs de musique de East Village à Manhattan, l'ancien quartier ghetto dominicain de l'île. Les enclaves branchées de Manhattan (à Soho ou à Greenwich Village notamment) ont été décentrées sous la pression immobilière des années 1980-1990. Petits pâtés de maisons à dimension humaine, rues désertes, quelques bar-concerts, rares taxis en ces heures tardives, lumières blafardes des lampadaires jaunes, jardins publics en anciens décors de dealers adolescents flingues à la main : on est loin des gratte-ciels arrogants de Manhattan et du légendaire speed new-yorkais. L'entrée de l'établissement se découpe au bas d'un vieil immeuble de quatre étages. Des clients fument dehors. Les rideaux de l'entrée du Nublu passés, on tombe dans l'ambiance feutrée des lumières blafardes et de la musique jouée par un groupe de Trinidad coincé entre le bar et une minuscule piste de danse. Devant sa vodka sec, The Spy from Cairo, tête rousse joviale encadrée par une barbe de bad boy, parle de son travail. Musicien d'origine kurde et italienne, arrivé aux USA sans papiers, il joue du oûd et s'attaque au naï arabe, remixeur de Remitti à Paris, arrangeur de la chanteuse tunisienne Ghalia Benali, etc. : l'homme est remarqué dans le milieu musical new-yorkais pour toute la visibilité qu'il a donnée aux musiques nord-africaines (« je suis amoureux de l'andalou ! ») et moyen-orientales ou asiatiques. Visibilité déjà défendue par des stars tels l'Algérien DJ Cheb i Sabbah à San Francisco, Lal Meri, Niyaz, etc. « Juste échanger, aller chez l'autre, s'imprégner des cultures du monde, c'est ma vie, c'est la vie ! »
Bande son aléatoire :
Melody Gardot, My One and Only Thrill
Une voix ? Plus que ça, un miracle. Victime d'un accident de la route il y a sept ans, elle a été clouée sur son lit d'hôpital durant environ une année. Elle en sort hypersensible à la lumière, la mémoire défaillante et une déformation de la jambe. Ce qui ne l'empêche pas de casser la baraque avec son style jazzy, avec des influences de blues, du folk et de bossa nova.
Spy From Cairo, Secretly Famous
Des remix de Rimitti aux sons bédouins égyptiens, du oûd au qanoun, des gitans à la techno, le New-Yorkais Spy From Cairo mélange les genres en un superbe flux de fusion. Il accompagne actuellement la chanteuse tunisienne Ghalia Benali dans sa tournée en Tunisie et en Belgique.
Lal Meri, The Indian EP
Là aussi, la marque de fabrique c'est le métissage, rehaussé de la superbe voix sensuelle de la chanteuse : on y retrouve des sonorités du Moyen-Orient et d'Amérique latine. La critique est unanime : « Une écoute qui aide à voir le monde autrement ! »
Cheb i Sabbah, Devotion
Ce Constantinois est LE DJ qui monte aux Etats-Unis. C'est lui qui fait vibrer les boîtes les plus branchées, de San Francisco à New York, aux rythmes roots du Maghreb, du chant bédouin aux voix des femmes de l'Atlas marocain. Un as du remix ethno !
Niyaz, Nine Heavens
Chanter des poèmes soufis, en farsi et en urdu, sur fond de musique électronique et avec la voix envoûtante de l'Iranienne Azam Ali : c'est l'une des marques de fabrique du groupe Niyaz. Trois artistes qui résident à Los Angeles, et qui ont uni leurs talents pour créer une musique world et éclectique qu'ils désignent comme étant de la musique folk du XXIe siècle
Charlie Parker, Jazz At The Philharmonic, 1949
C'est un concert événement de Bird à New York en novembre 1949 avec comme compagnons de scène les plus grands : Ella Fitzgerald et Lester Young entre autres ! A la même année, Parker enregistre un concert accompagné d'un orchestre à cordes, ce qui lui procure un passeport pour le succès auprès du grand public, statut rarissime à cette époque pour un musicien de jazz aux Etats-Unis, noir de surcroît.


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