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Un site en souffrance, une mémoire en péril
Les gravures rupestres de Dider (Djanet)
Publié dans El Watan le 27 - 04 - 2019

Ce mois de février 2019, nous arrivons imperceptiblement sur l'une des places fortes de ce musée à ciel ouvert du Parc culturel du Tassili N'Ajjer, le site de Dider. Après avoir quitté l'asphalte et traversé une plaine incroyablement verdoyante pour la région, nos deux 4X4 s'arrêtent en effet au niveau d'un des centres de l'Office national du parc culturel du Tassili n'Ajjer (ONPCTA) tenus par deux agents natifs de la région.
L'un d'eux connaît bien son métier et aussitôt nous invite à admirer les quelques gravures rupestres couchées sur de vastes rochers polis par les vicissitudes des éléments climatiques et du temps qui passe. Par une injonction délicate, notre agent nous demande de bien vouloir prendre soin d'ôter nos incommodants pataugas afin de prémunir les œuvres de leurs semelles rugueuses.
En foulant cet espace minéral transformé par nos aïeux en œuvres graphiques épurées, tournées vers le ciel, nous reconnaissons des formes animales connues et moins bien connues, des personnages féminins aux formes gracieuses et aux proportions magistralement respectées, ainsi que des écrits.
Nous nous mettons alors à essayer d'imaginer, à travers l'observation de ces gravures, ces hommes en action qui, par leurs mains expertes, ont pu immortaliser leur art on ne sait trop pour quels buts, avantages ou intentions. Ils ne pouvaient certainement pas imaginer que plusieurs milliers d'années plus tard des gens allaient s'émerveiller et s'identifier à eux avec orgueil.
Quels liens affectifs et mystiques entretenaient nos ancêtres avec leurs œuvres ? Se préoccupaient-ils de leur devenir ? S'inquiétaient-ils de leur possible détérioration par le fait de l'usure du temps et du déchaînement des éléments climatiques ? Redoutaient-ils leur dégradation par le fait de leurs semblables ? Ces œuvres faisaient dorénavant partie d'eux et portaient leur signature.
Elles leur survivraient et, à ce titre, elles témoigneraient de leur présence, de leur existence. Elles balisaient leur territoire et leur permettaient ainsi de conforter leur autorité sur l'espace conquis de haute lutte et conforté par leur art. Oui, ce ne sont pas des œuvres «gratuites», elles avaient certainement aussi une autre vocation que celle d'être belles à voir ou à délimiter des territoires, elles prouvaient le génie de la tribu et étaient la preuve du raffinement et de la noblesse du clan.
Les enjeux étaient lourds de sens et de conséquences. L'existence et la préservation de ces œuvres étaient donc vitales et leur disparition ou dégradation aurait été catastrophique et symptomatique du déclin de la lignée. Les gravures devaient être esthétiques, mais devaient aussi porter en elles la garantie de leurpérennité.
Elles étaient conçues pour la postérité. C'est en nous risquant à une telle hypothèse sur l'importance cardinale de ces œuvres que nous pensons que la responsabilité de leur préservation nous échoit maintenant et que nous n'avons pas le droit de faillir à celle-ci.Nous avons ressenti sous la plante de nos pieds nus toute l'importance de ce patrimoine matériel, qui renvoie à un patrimoine immatériel autrement plus essentiel.
Il y va en effet aussi de notre survie culturelle et sociale en tant que peuple qui se reconnaît dans une unité de destin partout où il se trouve dans ce macrocosme géographique et spatial qu'est l'Algérie. Ces œuvres sont donc notre ciment, notre raison d'exister, notre passé, présent et avenir. Leur dégradation, ou pire, leur disparition, nous couperait du lien ancestral avec nos aïeux, nos racines, et ferait disparaître un pan entier de notre mémoire que seuls des clichés photographiques bien impuissants tenteraient vainement d'en sauvegarder de bien pâles représentations.
Nous voulons donc par ce témoignage, qui est de l'ordre du ressenti, mais qui est exprimé avec force et conviction, alerter les autorités des dangers qui planent sur l'une des pièces maîtresses de ce musée majestueux que représente cette région de Dider. Oui, disons-le, les deux agents de l'ONPCT nous paraissent avoir des moyens bien dérisoires pour préserver ce site en l'état.
Ils sont à la merci des intempéries et de la… bureaucratie. L'un d'eux veut nous prendre à témoins de l'état d'abandon dont le site et eux-mêmes sont victimes. Depuis quelque temps, en effet, ce site n'est plus approvisionné en eau ni en bois de chauffage. «Ils (le centre auxquels ils sont rattachés) nous apportent de l'eau une fois par semaine et itiychouna (ils nous délaissent) tout ce temps».
«Cette distribution hebdomadaire est insuffisante aussi bien pour nous que pour les touristes qui viennent visiter le site et qui souhaiteraient trouver quelques commodités.» Ces agents ne parlent pas de fiche de paie, ne parlent pas de primes ou de valorisation salariale. Dans une espèce de retenue et de pudeur, ils ne parlent que du minimum vital : l'eau et le bois. Il restera aux autorités, c'est-à-dire la wilaya d'Illizi et le ministère de la Culture, de comprendre tout le reste.
Nous quittons ce site non sans avoir le cœur serré sur le devenir de ce site et de ses hommes. L'endroit est féerique, les gravures insolentes de beauté et de simplicité, mais dans le parler des gardiens de ce temple de l'art rupestre, il y a comme un cri d'alarme. Nous avons l'impression en écrivant ce texte que nous venons de jeter une bouteille à la mer. Arrivera-t-elle dans les mains de personnes mues par le sens du devoir ?


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