L'ancien président du RCD, Saïd Sadi, dénonce à nouveau les « manœuvres » de l'armée qui refuse de répondre à temps à la revendication populaire. Dans une longue analyse de la situation actuelle, publiée aujourd'hui sur sa page Facebook sous le titre « peuple et armée : le malentendu historique », il met l'accès sur le divorce consommé, dès vendredi dernier, entre les Algériens et le premier militaire du pays, Ahmed Gaïd Salah. Selon lui, ce dernier et l'état-major de l'ANP n'ont pas su apporté des réponses adéquates aux demandes populaires. Pis, écrit-il, ils ont tenté de reproduire les mêmes manœuvres que celles du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. Parmi ces méthodes, explique-t-il, le recours à l'amalgame, notamment à travers l'arrestation du patron de Cevital, Issad Rebrab. « Au lieu de réagir à temps et en concordance avec un moment inédit de notre Histoire, l'état-major botte en touche et veut s'ériger en justicier pour faire diversion, espérant tout à la fois voiler ou au moins brouiller les revendications populaires, diviser le mouvement, régler des comptes et polluer le très délicat problème de la corruption en amalgamant les genres et les auteurs », explique-t-il. Et d'ajouter : « l'arrestation, le même jour, de Issad Rebrab et des frères Kouninef, opérateurs économiques dont les pratiques, les relations et les positions sont aux antipodes les unes des autres, est exemplaire d'un aveuglement panique qui prétend neutraliser une révolution, citée en exemple dans le monde, par des manipulations médiatiques sur fond d'instrumentalisation de la justice ». « Gaïd Salah victime de cette grossière opération » Pour Saïd Sadi, « la première victime de cette grossière opération est le chef de l'état-major lui-même ». « Peu ou mal conseillé, le premier militaire du pays est, depuis ce week-end, la cible préférée des manifestants. Pourtant, avec un minimum de lucidité, il pouvait s'épargner ce triste privilège. Et, désormais, ce discrédit ira en s'aggravant si ses sorties médiatiques pendulaires se répétaient », prédit-il. En période révolutionnaire, précise-t-il, « le temps est précieux ». « Il faut savoir ne pas le dilapider dans de vaines manœuvres. Une issue avantageuse et possible aujourd'hui ne le sera pas forcément demain. Les grands stratèges le savent. Dans les moments de grands basculements de l'Histoire, le déni de réalité est souvent plus préjudiciable que l'incompétence », souligne-t-il. Selon Saïd Sadi, « escompter un essoufflement du mouvement en spéculant sur les effets du ramadhan ou les désagréments des chaleurs qui arrivent serait le signe de l'autisme propre aux dirigeants illégitimes que l'arrogance, généralement sous tendue par l'affolement, empêche d'apprendre de l'Histoire ». « D'autres tyrans, habités par une suffisance bestiale et convaincus de leur supériorité technologique ont préféré voir « un coup de tonnerre dans un ciel serein » quand ils ont été confrontés à un séisme planétaire un certain premier novembre 54 », rappelle-t-il. Même s'il n'en a pas la même expression, et c'est tant mieux, le vent de liberté qui souffle actuellement sur l'Algérie, souligne-t-il, « est de même nature que celui qui a balayé l'ordre colonial ». « C'est, en effet, la deuxième fois que de son Histoire que le peuple algérien se soulève unanimement pour un même objectif », indique-il. Dans la foulée, il estime que « la mise en forme de l'insurrection citoyenne devient maintenant une urgente nécessité ». « Il nous faudra mieux rationaliser nos débats, élaborer un agenda pour concrétiser le sens libérateur d'un immense message par des propositions structurelles et sociétales pertinentes… », explique-t-il.