Le président de l'Union démocratique et sociale (UDS), Karim Tabbou, a estimé hier à Bouira que l'arrestation d'Issad Rebrab vise à "semer la division" dans les rangs du mouvement populaire. "Il est évident que la stratégie du pouvoir à travers la mise sous mandat de dépôt d'Issad Rebrab à une portée politique, puisqu'elle vise à semer les graines de la division entre le peuple algérien en jouant sur la fibre kabyle", a-t-il analysé devant une salle archicomble à l'université Akli-Mohand Oulhadj de Bouira. L'hôte de Bouira mettra en exergue que la justice occulte, selon lui, les véritables coupables. "Où est Saïd Bouteflika ? Pourquoi la justice ne l'a-t-elle pas convoqué ? Certes, Issad Rebrab est un justiciable comme les autres, mais de là à mettre en scène son audition, je considère cela comme une vaste machination visant à semer le trouble dans les rangs des manifestants et à jouer sur la dangereuse corde du régionalisme", a-t-il estimé, avant de lancer un défi à Gaïd Salah et à la justice : "Allez donc chercher le général Toufik et Saïd Bouteflika ! Pourquoi avec Toufik on se contente de simples avertissements et pour d'autres on met en scène leur audition ?", s'est-il en outre interrogé. Hier et comme à son accoutumée, Karim Tabbou s'est livré à une véritable diatribe non pas contre l'institution militaire à qui, dit-il, il voue un "immense respect", mais plutôt à son chef, Ahmed Gaïd Salah. Ainsi, pour le conférencier, le général Toufik et Gaïd Salah sont "les deux faces d'une même pièce". "Tout au long des quatre derniers mandats de Bouteflika, ces deux hommes étaient l'un à côté de l'autre et travaillaient main dans la main (…), subitement, Toufik est devenu l'ennemi à abattre et pour lui signifier sa trahison, Gaïd Salah lui envoie un simple avertissement. Grotesque !", a-t-il indiqué. Poursuivant sa charge contre le général de corps d'armée, chef d'état-major de l'armée, Tabbou l'a ouvertement accusé de vouloir "instrumentaliser" l'institution militaire à des fins personnelles. "Comment peut-on collaborer près de vingt ans avec des personnes qui ont tenu tout un pays en otage, leur garantir la sécurité et la quasi-immunité et se réveiller un beau matin et découvrir qu'on avait affaire à une ‘içaba' (bande de malfrats, ndlr), comme l'a signifié Gaïd Salah. C'est tout bonnement impossible", expliquera le chef de l'UDS. Au sujet des ennemis extérieurs de l'Algérie, l'invité du Collectif des étudiants libres de Bouira accusera "l'axe Emirats arabes unis-Arabie saoudite et entité sioniste" de vouloir déstabiliser et déstructurer la révolte populaire, sans toutefois apporter la moindre preuve pour étayer ses accusations.