"S'ils comptent sur l'essoufflement, ils se trompent lourdement. Nous continuerons de marcher malgré la soif du jeûne et la chaleur de l'été. Rien ne nous arrêtera !", ont juré les manifestants. "Non à la division", "Non à une justice sélective" et "Le système doit dégager dans son ensemble", sont les trois messages principaux que les Oranais ont envoyé au chef d'état-major, Ahmed Gaïd Salah, à l'occasion du 10e vendredi de la révolte historique. De nombreux manifestants, dont des travailleurs de Cevital de Hassi Ameur, ont, à ce titre, dénoncé l'incarcération d'Issad Rebrab qui, affirment-ils, ne peut pas être sur un pied d'égalité avec Haddad ou les Kouninef. "Il a continué d'investir pour l'économie nationale pendant que les autres pillaient le pays. Il a été l'ennemi des Bouteflika alors que les autres ont été des soutiens actifs. Comment les magistrats peuvent-ils lui réserver le même sort ?", ont-ils précisé en appelant à sa mise en liberté. "Les premiers qui doivent être arrêtés et jugés sont Saïd Bouteflika, Chakib Khelil et Amar Ghoul", a estimé une manifestante alors qu'un jeune marcheur brandissait une pancarte où il s'étonnait : "Ouyahia, Sellal, Saïd toujours en liberté ?" Les marcheurs s'en sont également pris au duo Bensalah-Gaïd qui sont, ont-ils estimé, les deux faces d'une même pièce. "Ce sont les acteurs d'une même manipulation qui vise à diviser le peuple afin de le dévier de son objectif principal, le démantèlement du système", a martelé un homme en réitérant sa détermination, reprise par tout le carré de manifestants dont il faisait partie, jusqu'à ce que tous les symboles du système dégagent. "Bensalah et Gaïd en font partie, tout comme Bedoui, Bouchareb et tous les autres", a-t-il lancé. À l'occasion de ce 10e vendredi, le slogan "Djeïch, chaâb, khaoua, khaoua", a été souvent remplacé par "Kbaïl, Arabes, khaoua, khaoua", longtemps scandé pour souligner le rejet des tentatives de division que beaucoup ont cru voir dans l'arrestation d'Issad Rebrab. "Je suis convaincu que son interpellation répond aussi au souci de créer la fitna entre les manifestants, mais la mayonnaise n'a pas pris. Manifestement, le pouvoir n'a pas encore pris la mesure de l'éveil politique des jeunes", a encore expliqué un manifestant tandis que les "Gaïd, fakou fakou !" retentissaient un peu plus loin. Ainsi, les Oranais ont exprimé leur refus de prendre en considération tout ce qui émane du pouvoir en place : pas de négociations, pas de vote et pas de répit. "Nous avons décidé que vous partiriez et vous partirez !", ont-ils répété tout au long de la marche qui les a conduits dans les artères principales de la ville d'Oran. "S'ils comptent sur l'essoufflement, ils se trompent lourdement. Nous continuerons de marcher malgré la soif du jeûne et la chaleur de l'été. Rien ne nous arrêtera", ont-ils juré.