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Nabila Bouchaala. Chef de département de journalisme. Université Alger 2 : Les journalistes des médias publics sont dans un processus sain
Publié dans El Watan le 03 - 05 - 2019

Désormais, les journalistes des médias publics, particulièrement ceux de l'audiovisuel, sont engagés dans un combat pour la dignité et pour récupérer leur mission primordiale, qui prévoit l'assurance du service public à l'égard de la société. Elément déclencheur : le mouvement du 22 février pour une lutte saine d'une information neutre et objective.

Les médias publics ont déjà fait passer de nombreux événements sous silence, comme ce fut le cas pour les événements d'Octobre 88, la marche de 2001, les événements de Ghardaïa… Un commentaire ?
Comme leur nom l'indique, ce sont des médias publics financés par le Trésor public, donc ils appartiennent à l'Etat et non pas au pouvoir politique, mais malheureusement dans le contexte algérien ils étaient en fait une voix du pouvoir politique en place depuis des années ; ça a toujours été le cas, sachant bien qu'il y a eu des périodes où il y avait une sorte d'ouverture notamment après les années 90'.
En octobre 88, c'est vrai que les médias publics n'ont pas assuré la couverture de l'événement, mais juste après y a eu une ouverture et notamment dans la télévision publique, à l'époque du directeur de l'ENTV Abdou Benziane ; donc, il y a eu une évolution, ce n'était pas un mouvement linéaire ; il existait des périodes où les médias publics avançaient sur certaines questions et reculaient par rapport à d'autres.
Là où on constate une continuité dans le discours, c'est la période de 1999, depuis l'arrivée au pouvoir de l'ex-président Bouteflika jusqu'au 22 février 2019, là les médias publics se sont transformés effectivement en porte-parole de gouvernement et assuraient une mission plutôt de propagande qu'une mission d'information et de service public à l'égard du public algérien.
Les médias publics ont toujours été la voix du pouvoir. Le mouvement populaire a fait basculer la donne. Quel a été le déclic ?
Actuellement, on constate que là où il y a plus de demande de structuration et de lutte, c'est au sein des rédactions des médias publics, les journalistes sont pratiquement à leur 6e semaine de contestation, cela concerne aussi bien la presse audiovisuelle et un peu moins la presse écrite ; aussi en grande partie cela a concerné les trois langues (arabe, français, tamazight).
Les journalistes ont clairement exprimé leur refus d'assurer cette mission de porte-parole du pouvoir politique et voulu récupérer la mission qui leur revient de plein droit, celle du service public, c'est-à-dire de servir l'intérêt général de la société algérienne, y compris des partis politiques, et donc ouvrir le débat à toutes les forces vives de l'Algérie, sans aucune restriction par rapport à une catégorie dirigeante.
Il y a des luttes internes, mais le travail n'est pas encore complet, on le constate bien ; d'ailleurs pour l'anecdote, j'ai entendu à la radio la semaine dernière que le fameux parti FLN a interdit l'équipe de chaîne 3 de couvrir un événement ; cela renseigne bien sur la liberté de parole qui a été aujourd'hui acquise par cette corporation qui est toujours en lutte interne.
Il faut noter aussi que l'élément linguistique y est pour quelque chose, je formule l'hypothèse qu'il y a plus de pression sur la presse arabophone que sur la presse francophone, car les médias d'expression arabophone de télévision et de radio s'adressent pratiquement à la totalité des Algériens, et l'enjeu est encore plus important que pour la chaîne 3 dont le public est plus ou moins réduit comparativement à la chaîne 1 par exemple.
Quelle est la raison de ce déclic ? Est-ce une question de ras-le-bol ou de génération, ou peut-être les deux ?
Ceux qui sont engagés dans la lutte ne sont pas forcément très jeunes, je ne pense pas que c'est une question de génération, ce ne sont pas forcément des jeunes qui viennent d'être recrutés, mais ce sont plutôt des journalistes qui ont la quarantaine et qui ont déjà vécu une expérience négative et cela dans la vie d'un individu impacte fortement les décisions de s'engager dans des luttes.
Donc, de mon point de vue, c'est faire de l'extrapolation que de dire que ce mouvement contestataire des journalistes est un mouvement purement de jeunes. Ce mouvement est le fruit de plusieurs combats et de luttes.
Il y a eu une situation de ras-le-bol, ces journalistes sont comme nous des Algériens ; et de ce point de vue, ils s'inscrivent dans ce mouvement populaire, mais en même temps ils cherchent à se défendre et à défendre leur outil de travail et à défendre aussi leur image.
Il faut rappeler que le vendredi 15 avril a commencé la première manifestation contre les journalistes ; un groupe de manifestants qui dépassait les 200 personnes brandissait des slogans contre les médias, idem pour la semaine dernière ; ces gens dénonçaient les pratiques des journalistes.
Et ce principe de dégagisme concerne désormais non seulement la classe dirigeante et le pouvoir en place, mais aussi les médias, et c'est là où réside le danger. Des manifestants ont chassé quelques journalistes, notamment ceux des chaînes privées.
Donc, à travers cette protestation, les journalistes cherchent à sauver leur dignité et puis défendre leur profession et à travers cette dernière on peut obtenir le droit du citoyen à l'information qui ne peut se concrétiser que lorsque le journaliste jouit de tous ses droits.
C'est vrai que l'élément-clé de ce combat, c'est 22 février, mais le 22 février lui-même il faut le voir comme le résultat de toutes les luttes antécédentes de la société algérienne.
Une forte mobilisation a été constatée au niveau de la corporation. Hormis certaines chaînes, le changement ne s'est pas opéré. Que faut-il faire pour que ces médias récupèrent leur mission essentielle ?
Il n'y a pas de recette magique ; il est clair que les journalistes sont engagés dans un combat – et personnellement je salue leur courage –, mais je trouve que malheureusement rien ne se fait du côté de la presse privée.
Si les journalistes de la presse publique sont engagés aujourd'hui dans des luttes internes mais qui concernent toute la société algérienne, force est de constater que les journalistes de la presse privée ne sont pas engagés dans cette lutte.
Quoique le problème se constate au niveau de la presse privée, y compris celle née dans le sillage de l'ouverture des années 90', même cette presse est maintenant dans un trou à rat. Aujourd'hui, le travail que font les médias risque de court-circuiter tout l'apprentissage démocratique de la société algérienne.
Les médias sont un outil de démocratie extrêmement important et les journalistes ce sont eux – à travers leurs luttes internes au sein des rédactions et syndicats – qui vont pouvoir porter ces luttes de la société algérienne en assurant seulement la mission d'informer et de rester fidèles au principe de base du journalisme, à savoir livrer la vraie information en allant vers les sources vérifiées et vérifiables.
Censure, interdictions, licenciements… manœuvres d'intimidation étaient et sont visiblement toujours l'arme du pouvoir. Quel est l'enjeu face à ce mouvement ?
L'enjeu est clair, il est déjà exprimé dans les déclarations des journalistes. On a vu des journalistes dont ont a arrêté l'émission, à l'instar de la journaliste de la chaîne coranique dont l'émission a été arrêtée parce qu'elle est engagée dans le mouvement populaire en tant que citoyenne et à travers les réseaux sociaux et aussi dans la lutte interne ; donc, il y a plusieurs formes de luttes qui se situent à plusieurs niveaux. de ce point de vue, on remarque qu'il y a un mélange entre le registre de l'expression personnelle et le registre d'opinion exprimée au sein d'une rédaction dans un cadre bien défini ; les deux types de registres ne peuvent pas se recouper, c'est-à-dire on ne peut pas punir quelqu'un pour une opinion qu'il a exprimée sur une situation qui concerne sa société ; or c'est ce que nous avons constaté, il y a eu beaucoup de sanctions à l'adresse des journalistes des médias publics, mais ce qui est positif malgré les entraves, c'est que le combat de ces journalistes continue.
Aujourd'hui, l'enjeu crucial, les journalistes des médias publics l'ont compris, c'est de récupérer et de se réapproprier cette mission de service public qui leur revient de plein droit, d'autant plus qu'ils sont loin de l'enjeu économique qui guette et détruit la presse privée parce que celui qui finance va imposer une ligne de conduite et formater les journalistes en exerçant des pressions psychologiques qui ne sont pas forcément des procédés violents mais qui parfois relèvent des méthodes intelligentes qui sont exercées partout.
A mon sens, les journalistes des médias publics sont dans un processus sain, car ils sont engagés dans une lutte. Le problème se pose aujourd'hui pour les journalistes de la presse privée qui ne s'engagent dans aucune lutte, ce qui constitue un danger parce que la presse privée est beaucoup suivie, notamment les chaînes de télévision privées ; même si le téléspectateur les dénonce parce qu'il est à la recherche de l'information du produit algérien pour mieux interpréter notamment le social.


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