Placée sous le signe de l'éloge de la différence, la 14e édition du Festival international du film oriental de Genève, qui s'est déroulé jusqu'à hier 4 mai, a vécu au rythme des projections et des rencontres cinématographiques. Inauguré le 29 avril dernier, le Fifog, qui a acquis réputation et professionnalisme, a déroulé sa programmation riche de 80 films, avec la participation de 80 intervenants venus d'Orient et d'Occident. Lors du coup d'envoi du festival, l'ensemble des intervenants a mis l'accent sur «l'importance du cinéma comme vecteur de rapprochement et le rôle du Fifog comme vitrine pour un cinéma souvent ignoré de l'industrie». Concernant les projections, la quatrième soirée du festival (soirée de jeudi) s'est caractérisée par la présentation d'une série de courts et de longs métrages, dont le film iranien Dressage de Pooya Badkoobeh et de Photocopy, du réalisateur égyptien Tamer Ashry. Deux films bien construits, à charge émotionnelle garantie. Dans la fiction de 93 minutes, Dressage, le réalisateur iranien, Pooya Baadkoobech, met en avant-plan le profil d'une adolescente de 16 ans. Vivant dans une petite ville près de Téhéran, Golsa est une adolescente qui passe son temps à traîner avec une bande de désœuvrés de son âge. Traînant d'un endroit à un autre, ils se lancent dans le vol. Alors qu'un soir ils commettent un vol dans une épicerie, Golsa, quelque peu discrète, oublie de rendre la caméra de surveillance. Tarabustée par ses amis pour aller récupérer la fameuse cassette, Golsa finit par abdiquer, mais décide de la cacher dans un lieu secret. Harcelée par ses amis et le père de son petit copain afin de rendre cette preuve pouvant conduire ces écervelés en prison, elle s'obstine dans sa démarche mûrement réfléchie. Très proche d'un cheval, Golsa se voit interdite d'approcher l'animal. En dernier recours, elle décide de balancer l'intégralité de la vidéo via les réseaux sociaux. Elle est arrêtée par la police, au même titre que ses camarades. Quant au deuxième film, Photocopy, le réalisateur égyptien, Tamer Ashry, propose dans son tout premier long métrage une belle fiction aux senteurs fantastiques et romantiques à la fois. Le personnage principal, Mahmoud, est un vieux retraité en dactylographie, qui occupe son temps dans son petit local, louant ses services en qualité de dactylographe. Un métier qu'il connaît sous toutes ses coutures. Mahmoud est également fasciné par l'extinction des dinosaures. Il y voit un parfait parallèle entre sa vie personnelle et ces animaux du passé. Dans une situation presque burlesque, Mahmoud arrivera à convoler en justes noces avec une femme de son âge, délaissée par son fils et atteinte d'un cancer du sein. La vie semble prendre un nouveau tournant pour ce célibataire endurci. Joignant le geste à la parole, le personnage de Mahmoud a su porter magistralement une histoire tendre, brisant très souvent des tabous sociétaux. Il est à noter que le Fifog a pris fin hier à 19h, avec au préalable la tenue d'une conférence consacrée à l'Algérie à travers la projection de plusieurs films, ainsi que la tenue d'une conférence autour de «Algérie : un avenir à inventer», avec Zoubida Assoul.