Les mots ne suffisent pas pour parler d'elle. Baya Gacemi, cette grande figure du journalisme algérien, s'est éteinte loin de son pays, loin de ses amis. Très touchés par sa disparition, ils se sont retrouvés, hier, à la maison de la presse Tahar Djaout, dans un moment de recueillement et de dignité. Journalistes, hommes de culture, universitaires et politiques, tous sont venus rendre un hommage à cette femme courageuse et combattante. Ils parlaient d'elle au présent, comme s'ils ne voulaient pas admettre sa disparition. « Elle est plus que jamais vivante dans nos cœurs et nos esprits... » Hassan Bachir Cherif, avec qui, entre autres, elle avait fondé la Tribune, était abasourdi par sa disparition. La disparition d'« une femme qui s'est battue pour la liberté et la démocratie », a témoigné Dalila Hadjadj, une amie de Baya. El Kadi Ihsane, qui a beaucoup côtoyé Baya Gacemi surtout dans les moments de combat, a évoqué le parcours d'une femme très engagée politiquement. « Avec elle, nous avions lancé des initiatives civiques contre la révision de la Constitution, qui a été une forfaiture politique. Mais ça n'a pas trop marché malheureusement et Baya a vécu cela comme une profonde blessure. Mais son message de toujours est la continuité de la lutte. » Baya Gacemi qui s'est lancée dans l'aventure journalistique à Algérie Actualités, était « un profil de journaliste qui me semble – et j'espère me tromper – en voie de disparition. Chez elle, la presse n'est pas uniquement un métier, mais une forme d'engagement. Elle était d'un incurable optimisme. Son départ m'a ébranlé », a attesté le journaliste Noureddine Azzouz. Louiza, photographe à Liberté, était très affectée par la mort de Baya. « Comment ne pas l'être ! C'est elle qui m'avait reçue à la Tribune la première fois. Elle croyait en les gens. Ces dernières années, je l'ai accompagnée dans des reportages qu'elle faisait pour le magazine français l'Express. J'ai connu une femme vivante, affectueuse et sensible », a déclaré Louiza, les larmes aux yeux. Baya Gacemi était de ces femmes et hommes qui ont tout fait pour voir une Algérie prospère et émancipée. Sa dernière bataille, elle l'a menée en lançant un journal satirique, L'Epoque. « Elle était complètement déprimée après la disparition de son journal. Pourquoi l'ANEP a-t-elle refusé de donner de la pub à son journal ? Je me demande sur quelle base l'ANEP accorde de la pub. Si l'Epoque en avait bénéficié, Baya serait restée dans son pays », a assuré Omar Belhouchet. La dépouille mortelle arrivera le 30 avril L'arrivée du corps de notre amie et consœur Baya Gacemi aura lieu vendredi 30 avril 2010 à 17h50, en provenance de l'aéroport d'Orly, par un vol de la compagnie Air Algérie vers sa ville natale, Annaba. Les obsèques auront lieu samedi 1er mai 2010 au cimetière de Zeghouane. Le cortège funèbre prendra le départ du domicile familial sis à la cité Safsaf, 687 logements, bâtiment 36 n°326. La levée du corps, au funérarium de l'hôpital Gustave Roussy de Villejuif, jeudi 29 avril 2010 à 10h45, sera précédée d'une cérémonie de recueillement de ses proches, amis et collègues qui feront leurs adieux à la défunte.