Pour que désormais nul n'oublie les gazés du 14 avril 1959 et les centaines de martyrs de cette zone 1 de la wilaya III historique. La section des Scouts musulmans algériens (SMA) de Mahfouda, dans la commune de Bouhamza, a commémoré le 51e anniversaire du massacre perpétré par l'armée coloniale sur un groupe de combattants dans la grotte de Chafa Tamellalt. Un riche programme d'activités culturelles et sportives, qui s'est étalé sur deux journées, a été organisé au CEM Hammouche Malek.Des témoins vivants de ce tragique événement ayant coûté la vie à 19 valeureux combattants pour l'indépendance du pays, les autorités locales et régionales ainsi que de nombreux citoyens des villages environnants sont revenus sur les lieux, où une stèle a été érigée, pour se recueillir sur leur mémoire et celle des martyrs de la révolution. Mohamed Khiar, le président de l'APC de Bouhamza et un témoin vivant, Si Rachid Challal en l'occurrence, ont pris la parole pour rendre hommage aux chouhada et relater les circonstances dans lesquelles ces derniers ont perdu la vie. Si Rachid n'avait que 14 ans en cette funeste journée du 14 avril 1959 mais il se souvient comme si cela datait d'hier de cet épisode douloureux qui a endeuillé tout le douar d'Imehfoudhen. « L'armée d'occupation, tenant en laisse des chiens bergers, a assiégé tôt le matin Tighremt et fait sortir tous ses habitants pour les réunir au cimetière du village. Pour débusquer Mouloud Ahaddad N'Tmokra, Belkacem Irbah N'Vicher et tous ceux qui se sont cachés, les soldats français ont tout détruit sur leur passage. Tous les Ichvouyla d'huile d'olive et tous les Ikoufen de blé, produits de toutes nos récoltes, ont été brisés », racontera-t-il, la gorge nouée par l'émotion. L'orateur expliquera à l'assistance sa peur et les scènes de tortures subies par tous ceux que les soldats ont capturés et traînés vers la grotte pour leur servir de boucliers humains. « Pour anéantir ceux qui s'y étaient réfugiés, l'ennemi avait au départ bombardé la caverne avec un mortier placé de l'autre côté de l'oued Boussellam avant de dynamiter le trou. L'assaut étant très risqué sachant que la grotte est située dans une falaise d'accès difficile, l'armée coloniale n'avait d'autre solution que d'injecter dans la grotte des gaz asphyxiants en utilisant un hélicoptère envoyé en renfort », ajourera celui qui s'est replongé dans le feu de l'action en cette matinée brumeuse. Le rescapé de ce crime abject ne manquera pas de souligner la détermination des habitants de Bouhamza, Tamokra et Mahfouda, qui ont rappliqué au lit de l'oued pour enterrer leurs martyrs, à continuer la lutte en hissant très haut le drapeau algérien. La section des SMA de Mahfouda porte aujourd'hui le nom de Chafa Tamellalt pour que désormais nul n'oublie les gazés du 14 avril 1959 et les centaines de martyrs de cette zone 1 de la wilaya III historique.