Les forces aériennes de l'ANL, dirigées par le maréchal Khalifa Haftar, ont frappé plusieurs positions à Tripoli, où est basé le gouvernement libyen d'union nationale. Ces frappes, «ciblées et directes», auraient totalement détruit l'état-major opérationnel du GNA. La Libye a de nouveau basculé dans une spirale de violence avec le lancement, par l'homme fort de l'est du pays, le maréchal Haftar, d'une offensive militaire sur Tripoli, siège du GNA, le 4 avril. Et cette spirale ne semble pas prête de s'arrêter. Après une progression rapide, les troupes de l'autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL) piétinent depuis un mois aux portes de Tripoli, arrêtées par les forces loyales au GNA, dont des groupes armés de la ville de Misrata. Des combats se déroulent dans la banlieue sud de la capitale. Depuis le 4 avril, les affrontements et les bombardements ont fait au moins 432 morts, 2069 blessés et plus de 55 000 déplacés, selon l'ONU, qui a multiplié les appels à cesser les hostilités. Dimanche, la Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a une nouvelle fois exhorté les belligérants à «une trêve humanitaire d'une semaine renouvelable», à l'occasion du début du Ramadhan, hier. Mais quelques heures plus tard, le maréchal Haftar a au contraire appelé ses troupes à «infliger une leçon plus dure encore» aux forces qui défendent la capitale libyenne et le GNA. «Je vous appelle à infliger à l'ennemi, avec votre force et votre détermination, une leçon plus dure et plus grande encore que les précédentes (…), jusqu'à ce que vous le déraciniez de notre pays bien-aimé», a-t-il déclaré dans un message lu par un porte-parole de l'ANL, le général Ahmad Al Mesmari. Avec l'entrée hier dans le mois béni du Ramadhan, le mois du djihad, la guerre sainte, le maréchal Haftar a demandé à ses troupes de se montrer «braves et impitoyables pour éradiquer le terrorisme». L'homme fort de la Cyrénaïque a justifié son offensive par la volonté de «purger l'Ouest libyen des terroristes et des mercenaires» qui composent, selon lui, les différents groupes armés de la région. En réalité, il cherche à prendre le pouvoir par la force. «Dans le cas du retrait de l'ennemi, il faut que les forces le pourchassent avec force et rapidité, qu'elles ne lui permettent pas de s'enfuir et l'anéantissent», a-t-il affirmé dans son message. Sur le plan politique, le Parlement libyen a fait un pas, dimanche, vers une scission durable, avec la désignation par 42 députés dissidents d'un président «provisoire» du Parlement, en alternative au président actuel, Aguila Salah, soutien du maréchal Haftar. Le Parlement, composé de 188 députés élus en 2014, siège dans l'est du pays, où il a fui après la prise de Tripoli par une coalition de milices. D'abord installé à Tobrouk, il a déménagé le 13 avril à Benghazi, fief du maréchal Haftar. Après le lancement de l'offensive, 42 députés ont décidé de boycotter les travaux de l'Assemblée pour dénoncer l'opération militaire en cours. Lors de leur deuxième réunion dimanche, ils ont nommé président leur doyen Sadeq Al Keheli, «pour une durée de 45 jours». Avec seulement 42 députés, cette assemblée n'a pas le quorum requis par la Déclaration constitutionnelle (soit la moitié plus un député, donc 95 députés) pour tenir légalement une session parlementaire. La communauté internationale reconnaît le Parlement basé dans l'Est, issu des élections de 2014, mais pas le gouvernement de Abdallah Al Theni, qui en est issu et qui est également basé dans la région orientale. Elle soutient depuis fin 2015 le GNA, issu d'un accord politique interlibyen parrainé par l'ONU et basé à Tripoli. – Al Sarraj investit dans le lobbying Le président du Conseil présidentiel du gouvernement libyen d'union nationale (GNA), Fayez Al Sarraj, effectuera à partir d'aujourd'hui une tournée en Europe afin de réunir des soutiens contre l'agression menée par les troupes de Khalifa Haftar pour s'emparer de la capitale libyenne. Dans le cadre de cette tournée, il se rendra à Rome, Berlin, Paris et Londres, où il rencontrera successivement le chef du gouvernement italien, Giuseppe Conte, ce matin, la chancelière allemande, Angela Merkel, à Berlin dans la soirée, puis le président français Emmanuel Macron demain à Paris, ont indiqué hier des médias libyens. La visite de Fayez Al Sarraj en Grande-Bretagne est également envisagée, selon les mêmes sources, qui citent un communiqué du porte-parole du ministère libyen des Affaires étrangères. Cette tournée européenne du chef du GNA intervient dans le contexte de la multiplication d'appels internationaux à l'arrêt de l'agression déclenchée le 4 avril dernier par les troupes de Khalifa Haftar contre Tripoli pour s'emparer de la capitale. La visite d'Al Sarraj à Paris revêt, quant à elle, une importance particulière pour le chef du GNA qui a, à plusieurs reprises, accusé la France de soutenir, au moins politiquement, le général à la retraite Khalifa Haftar, ce que les autorités françaises ont démenti. R. I.