Le chef du gouvernement de concorde nationale, est déçu par la position de la France concernant l'attaque lancée par le maréchal Haftar contre Tripoli. « Nous sommes satisfaits de la condamnation de l'attaque de Tripoli exprimée par certains pays, souligne-t-il. Mais la condamnation en elle-même n'est pas suffisante. Elle doit être accompagnée d'actions concrètes. » Parmi ces mesures, M. Sarraj appelle à un « cessez-le-feu immédiat et au retour de toutes les forces à leurs positions initiales ». « La communauté internationale devrait prendre une position claire, ajoute-t-il. Malheureusement, nous notons que certains pays sont hésitants à nommer cette attaque pour ce qu'elle est. », dit-il, cité par le journal Le Monde. Parmi les motifs de déception figure aux yeux de M. Sarraj la position de la France, dénoncée à Tripoli comme trop favorable au maréchal Haftar. Paris a fourni depuis 2016 un soutien technique à M. Haftar, relevant du contreterrorisme, mais son impact sur la montée en puissance ultérieure du patron de l'ANL, notamment dans son ambition de conquérir la capitale, a été perçu par le camp anti-Haftar comme un appui politique plus large. La France « reconnaît le gouvernement d'accord national de Tripoli », soutenu par la communauté internationale, dit le chef du gouvernement de concorde nationale et note que Paris « fournit également un soutien à M. Haftar, avec d'autres pays ». « Le soutien non proportionné de la France à M. Haftar est ce qui l'a décidé à passer à l'action et à sortir du processus politique », soutient M. Sarraj qui précise avoir « mentionné » ce soutien apporté par la France à Emmanuel Macron. Les forces loyales au gouvernement de concorde nationale ont mené une attaque contre les troupes du maréchal Khalifa Haftar aux portes de la capitale Tripoli, cible de bombardements aériens nocturnes. Le 4 avril, l'Armée nationale libyenne (ANL) de M. Haftar, l'homme fort de l'Est, a lancé une offensive contre le GNA de Fayez al-Sarraj, seul gouvernement reconnu par la communauté internationale. Depuis, l'ANL fait face à une résistance farouche des forces du gouvernement. Les combats, concentrés dans la banlieue sud de Tripoli, ont fait au moins 227 morts et 1.128 blessés, dont des civils, et poussé à la fuite quelque 30.000 déplacés, d'après l'ONU. Le maréchal Haftar est soutenu par le président américain, avait dit, il y a quelques jours, Washington qui qualifié Haftar de responsable qui lutte contre le terrorisme.