Au premier jour de Ramadhan, les prix des fruits et légumes ont flambé. Cette hausse des prix n'est pas mesurée par rapport à la même période de l'année passée, mais comparée aux prix de référence annoncés par le ministère du Commerce. Décision populiste ou volonté de réguler le marché ? Place au constat. Au marché de Leveilley (officiellement El Magharia) dans la commune de Hussein Dey, ou encore au marché T'nach à Belouizdad, les prix sont relativement hauts notamment pour certains produits tels que la tomate. Elle y est cédée à 140 DA le kilo, soit 30 DA de plus par rapport à son prix de référence. Il en est de même pour la courgette qui a franchi les 100 voire les 120 DA le kilo. C'est une augmentation de près de 40 DA par rapport aux 65 et 80 DA fixés par le ministère du Commerce. Pour les autres produits concernés par le plafonnement des prix, la fourchette est restée plus ou moins stable, toutefois avec des augmentations de 10 à 15 DA. C'est le cas de la pomme de terre cédée à 60 DA alors qu'elle ne devrait pas dépasser les 50 DA. La laitue, également, est passée de 60 à 70 DA comme prix de référence à 100 et 120 DA… Pourquoi ces hausses ? Selon El Hadj Tahar Boulenouar, président de l'Association nationale des commerçants et des artisans (ANCA) les prix devraient revenir à la normale dans les 48 heures à venir. Il explique cette hausse par la forte demande, parfois exagérée, sur certains produits, entraînant ainsi une flambée partielle et provisoire des prix. «C'est une hausse exceptionnelle et spécifique au début de ce mois de Ramadhan. Les prix répondent à la loi de l'offre et de la demande mais leur baisse ne devrait pas tarder. Sinon, pour les prix de référence, ils seront majoritairement respectés durant ce mois», déclare notre interlocuteur. Pour Hacen Menouar, président de l'association El Amane pour la protection du consommateur, l'initiative de plafonner les prix est louable, mais reste dépourvue de mécanismes qui lui permettraient une réussite. Parmi ces mécanismes, il cite la planification agricole qui permettrait de connaître les besoins du marché et mettre en place une stratégie pour assurer la disponibilité des produits en temps voulu et éviter ainsi les pénuries. «Le ministère du Commerce aura pour mission la mise en place d'infrastructures de distribution, à savoir les différents types de marchés. L'idée est bonne, mais il faudra la conforter et la pérenniser sur tous les mois de l'année. Pour ce faire, il faut absolument travailler sérieusement sur le fond de la question et sortir des décisions politiques et de circonstances», souligne Hacen Menouar. Pour la faisabilité des sanctions annoncées par le ministre du Commerce, un contrôleur au niveau de la direction du commerce d'Alger explique qu'il est impossible de sanctionner. La raison, selon notre source, est l'absence de cadre juridique permettant de présenter ces commerçants «contrevenants» devant la justice, comme c'est le cas lorsqu'il s'agit de produits subventionnés. Il considère qu'une note ou une instruction ministérielle ne pourrait autoriser les contrôleurs, dont certains ont maintenu leur mouvement de grève, à sanctionner les commerçants.