Ancien ministre du Tourisme et de l'Artisanat, Abdelkader Bengrina vient de faire de graves révélations sur l'ex-patron de la résidente d'Etat de Club des Pins et de Moretti, Abdelhamid Melzi, actuellement en détention préventive pour une affaire d'«intelligence économique» avec des sociétés chinoises. Dans une déclaration publique, qui a fait le buzz sur les réseaux sociaux, A. Bengrina a commencé par planter le décor en indiquant que le jour où il voulait, en tant que ministre du Tourisme, mettre fin aux fonctions de Abdelhamid Melzi, qui dépendait de son département, «deux choses se sont produites. La première, c'est qu'il m'a privé de ma maison à Club des Pins. La deuxième chose est qu'il y a eu une décision de retirer la gestion de ce site au ministère du Tourisme. Le chef du gouvernement, qui était Ahmed Ouyahia, m'a dit qu'il ne dépendait pas de moi. On a décidé de rattacher la gestion de Club des Pins au chef du gouvernement, et on lui a ajouté Moretti, qu'ils ont vendu au dinar symbolique. Des villas, qui étaient estimées à plus de 30 millions de dinars à l'époque, ont été cédées à 140 000 DA». Président actuel du Mouvement El Bina, l'ancien cadre du MSP va plus loin dans ses révélations. «Le ministère du Tourisme a été déchargé de la construction de l'hôtel Sheraton, pour la confier à Melzi, auquel on a accordé de gré à gré 200 millions de dollars. Comment peut-on confier une telle somme au moment où le pays vivait une crise financière ? Ali Benflis, qui était chef de cabinet à la Présidence, peut en témoigner puisque j'avais remis un dossier complet. A la même période, la construction de l'hôtel du Grand Mercure, qui était un don du gouvernement chinois, a coûté 45 millions de dollars. La même société chinoise, qui a réalisé le Sheraton Alger, a construit celui d'Oran, pour 85 millions de dollars.» Pour Abdelkader Bengrina, le Président était bien au courant, puisqu'un dossier ficelé lui a été remis. «Je pense qu'il était au courant, et lors de la cérémonie d'ouverture du Sheraton d'Oran, il avait chassé Melzi devant tout le monde. Mais, il l'a maintenu 20 ans à son poste», dit-il. Il rappelle quelques anecdotes : «J'ai rencontré, après mon départ du poste de ministre, cheikh Al Djasem et je lui ai demandé d'investir en Algérie. Il a accepté. Il est venu avec 10 milliards de dollars, mais il est vite reparti parce qu'après avoir rencontré le président et le ministre du Tourisme, il a été orienté vers Melzi. La même chose avec Walid Ben Talal, qui voulait investir 12 milliards de dollars, qui a vu les plus hauts responsables, mais après, il a été dirigé vers Melzi. Il a fini par investir son argent au Maroc.» Même si elles viennent un peu en retard, les déclarations de Abdelkader Bengrina sont gravissimes. Les faits qu'il rapporte relèvent tout simplement de la justice. A. Bengrina n'est pas n'importe quel citoyen. Il a été ministre de la République entre 1997 et 1999, période où les villas de Moretti ont été bradées au dinar symbolique, en vertu de décisions signées par le ministre-gouverneur, alors Cherif Rahmani, à des pontes du système. A ce jour, aucune enquête n'a été ouverte sur les conditions dans lesquelles des biens de l'Etat se sont retrouvés propriété de nombreuses personnalités du système. Tout comme il n'y a jamais eu d'enquête sur les contrats de réalisation de structures hôtelières, confiée à Abdelhamid Melzi, et qui avait suscité des interrogations étant donné que les montants étaient colossaux.