Près de deux décennies après la privatisation de l'Entreprise nationale des corps gras (ENCG), sur 580 travailleurs qu'employait ce fleuron de l'industrie, seulement 50 travaillent actuellement. Les anciens travailleurs de l'Entreprise nationale des corps gras (ENCG), ex-Sogédia, libérés d'une manière abusive et sans aucune indemnisation au lendemain de la privatisation de leur usine dans la moitié de l'année 2000, se sont rassemblés, dimanche dernier, en face de ce qui est devenu une usine de montage de tracteurs. Le repreneur, M. Kherbouche, n'avait pas respecté ses engagements, en l'occurrence le maintien de la production de l'huile de table et le savon de ménage et surtout les 200 ouvriers, dans différentes spécialités, qu'il devait garder après les départs volontaires et à la retraite. Sur 580 travailleurs qu'employait ce fleuron de l'industrie, étalé sur 8 hectares, seulement 50 ont survécu pour un travail mineur. «La privatisation de l'ENCG, qui était très rentable, a été une grande arnaque. Elle a été bradée à 16 milliards de centimes, alors que l'assiette du terrain, à elle seule, en vaut plus dans notre région, en plus du matériel neuf, des machines allemandes de haute technologie aux prix inestimables. Le nouveau propriétaire s'est empressé de changer d'activité, il a ramené des tracteurs dans des cartons pour les remonter, un jeu d'enfant sans aucune utilité, ni à l'industrie ni à l'économie nationale, encore moins à cette société frontalière», expliquent, en colère, les manifestants. Le grand cirque a été l'œuvre de Noureddine Bedoui, venu en grande pompe spécialement à Maghnia pour l'inauguration d'une usine ne produisant rien. C'était là une caution et un crédit accordés aux manigances et aux pratiques mafieuses. «Nous l'avions interpellé et il nous avait promis de régler le problème des centaines de travailleurs licenciés d'une manière déguisée. Mais c'était du mensonge, car lui aussi fait partie de la mafia qui a détruit le pays», explicite Mohamed B., ancien syndicaliste. Aujourd'hui, les anciens travailleurs, accompagnés de membres d'associations de la ville et de simples citoyens, exigent que cette usine revienne aux travailleurs : «Nous voulons la récupération pure et simple de notre bien, celui de toute une région».