La campagne «Consommons algérien», entendons «préservation de l'outil de production nationale », continue de susciter des débats parmi les opérateurs économiques, tant publics que privés, tout en mettant en exergue la concurrence déloyale générée par les importations tout azimut et l'économie informelle. Des facteurs qui, selon eux, ont conduit à la fermeture de plusieurs unités de production, jusqu'alors très performantes, et bradé ensuite à des particuliers après avoir mis au chômage des milliers de travailleurs. C'est le cas de l'Entreprise nationale des corps gras (ENCG), de la maïserie et de la Certaf Tafna, toutes implantées dans la zone industrielle de Maghnia. Cette dernière entreprise nationale, spécialisée dans la céramique et la porcelaine, était jadis un fleuron dans son domaine, selon son directeur, Ramdane Bachir. «La concurrence déloyale et les importations irréfléchies de produits de la Chine, de qualité nettement inférieure, ont conduit la Certaf Tafna à abandonner la filière céramique pour se reconvertir dans la production de tuiles sous toutes ses formes afin de sauver les postes d'emploi et éviter le bradage de l'entreprise.» Et de souligner : «La Certaf Tafna produisait des articles de céramique et de porcelaine de très haute qualité et arrivait à satisfaire la forte demande tant ses produits étaient très appréciés sur le marché national». Le même sort a été réservé à la maïserie de Maghnia, spécialisée dans la production d'amidon et dérivés et considérée comme l'unique entreprise dans ce domaine en Afrique et dans le monde arabe. Bradée et devenue amidonnerie, cette unité a suscité beaucoup d'interrogations parmi les opérateurs économiques qui n'arrivent toujours pas digérer son abandon par le groupe Eriad Sidi Bel Abbès alors qu'elle ne souffrait « d'aucun déficit, ni de mévente de ses produits très recherchés ». Une réalité narrée pour de nombreux économistes et opérateurs qui ont vu « dans ces bradages la destruction volontaire du tissu industriel national, alors qu'il fallait juste l'accompagner et le mettre à niveau afin qu'il puisse survivre à l'économie de marché de « façade ». C'est dans cette optique qu'un débat a été animé par certains directeurs d'entreprises qui ont survécu à cette tempête et sollicitent les pouvoirs publics à « mettre fin aux importations qui peuvent nuire au tissu industriel national tout en favorisant les investissements nationaux autour des unités performantes». Notons que la reconversion de Certaf Tafna de Maghnia a permis non seulement son sauvetage, mais aujourd'hui elle recrute des cadres et des ouvriers à la grande satisfaction de tous ses cadres dirigeants. Malheureusement, l'ENCG, qui employait plus de 8000 ouvriers, n'a pas survécu malgré la protestation des travailleurs qui avait duré plus de deux ans, sans compter le bras de fer juridique qui s'en est suivi.