Cela fait plusieurs jours que les 405 travailleurs de la Société des corps gras Maghnia (CGM SPA), filiale du groupe ENCG, observent un arrêt de travail en guise de protestation contre la décision du Conseil des participations de l'Etat (CPE) qui vient, en vertu de la résolution n°02/60/13/12/2005 pourtant ouverture du capital de la filiale CGM Maghnia d'autoriser la vente de l'entreprise à un groupe industriel agroalimentaire local avec comme option le licenciement de 50% des effectifs de la société, soit 205 employés, et ce contrairement aux engagements initiaux pris, à la fois, par le repreneur lui-même et le CPE. Une décision que les travailleurs de la filiale assimilent à un véritable coup de poignard dans le dos. Des représentants syndicaux des travailleurs de ladite société ont fait le déplacement de Maghnia jusqu'à Alger pour se faire entendre. Visiblement dépités, les représentants en veulent surtout au CPE qui, d'après eux, vient de les trahir en acceptant les conditions exigées par le repreneur en se mettant en porte-à-faux à la fois vis-à-vis des orientations du président de la République et des modalités fixées par ce même CPE pour toute opération de privatisation, en l'occurrence « le maintien de l'activité des entreprises privatisées et le maintien des emplois ». Lors de la conférence de presse qu'il a animée à la résidence El Mithak, le 21 mars dernier, le chef du gouvernement et président du CPE, Ahmed Ouyahia, a réitéré ses principes en déclarant publiquement que « l'emploi est maintenu dans toutes les opérations de privatisation ». Le cas de la CGM Maghnia fait-il alors exception ? La confusion est totale chez les 405 travailleurs de la société qui ne comprennent pas la démarche du CPE en ce sens où le repreneur lui-même de l'entreprise s'est engagé, dans sa lettre de manifestation d'intérêt n°240 BS/05 datée du 28 février 2005, de « reprendre les travailleurs déjà en place » et même de procéder à des recrutements nouveaux. Pour les représentants des travailleurs, leur société, qui s'étale sur une superficie totale de 7,5 ha, a été tout simplement bradée puisqu'elle a été cédée à 16 milliards de centimes alors que la valeur du terrain seulement est estimée à 375 milliards de centimes. Contrairement aux affirmations officielles, qui font état d'un seul soumissionnaire pour la reprise de la société, nos interlocuteurs font savoir qu'il y avait d'autres repreneurs en lice, mais « qu'on a écartés ».