Le nombre de taxis est impressionnant à Johannesburg, ce qui amène, parfois, les propriétaires à s'entretuer pour garder leur emploi. Les chauffeurs de taxis collectifs ne décolèrent pas d'avoir été exclus des plans de transport pour le Mondial 2010 en Afrique du Sud. Une amertume qui suscite l'inquiétude face à une industrie connue pour ses accès de violence. « On veut tous faire partie de la Coupe du monde, mais, à l'heure actuelle, nous en sommes tous exclus. C'est injuste », affirme Ralph Jones, porte-parole du Forum associatif des taxis unis (Utaf). « Quand on demande des comptes, on ne nous répond pas », regrette-t-il. « N'est-ce pas une recette pour des violences ? » La semaine dernière, près de 3000 chauffeurs de minibus privés ont marché jusqu'au siège du gouvernement à Pretoria, où ils ont forcé le passage pour remettre un mémorandum à leur ministre de tutelle. Dans ce document, ils demandent à être réintégrés dans les dispositifs prévus pour transporter les fans de foot jusqu'aux stades et se plaignent de la mise en place du « Bus rapid transit » (BRT). Intégrer des lignes de bus est une révolution en Afrique du Sud, où le régime d'apartheid avait négligé les transports publics pour maintenir les populations noires à l'écart du centre des villes. Mis en place en août 2009, entre le township de Soweto et le centre de Johannesburg, il a été étendu en février. Avec des arrêts proches des stades d'Ellis Park et de Soccer City, il devrait transporter des dizaines de milliers de touristes pendant le Mondial. Les combis collectifs, qui craignent de perdre leur quasi monopole, y sont farouchement hostiles. A chaque étape de sa mise en place, ils ont organisé des manifestations, brûlé des pneus, bloqué des rues. A plusieurs reprises, des coups de feu ont visé les nouveaux bus, faisant deux blessés en 2009. Au plus fort des mouvements de grève, la police a dû escorter les véhicules du BRT. Depuis quelques semaines, la situation est un peu plus calme, mais les inquiétudes n'ont pas disparu. « Je reste sceptique au sujet du BRT. On ne peut jamais être sûr qu'on ne va pas être attaqués par des chauffeurs de taxi », confie un passager. Malgré tout, il garde de la sympathie pour les taxis collectifs. « J'ai de la peine pour eux. Ils nous ont beaucoup aidés en nous transportant pendant l'apartheid. Parfois, ils ne nous faisaient pas payer », ajoute-t-il. Conscientes du potentiel explosif de la situation, les autorités ont engagé un dialogue avec les représentants de l'industrie des taxis collectifs.