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Avant Péan, il y eut Amar Hamdani
Publié dans El Watan le 22 - 03 - 2005

La tournée de promotion de Pierre Péan pour la sortie chez Chihab de son ouvrage Main basse sur Alger, enquête sur un pillage, initialement édité par Plon, m'a laissé songeur.
L'auteur, coutumier des livres-enquêtes, non dédaigneux de sensationnel, marketing oblige, est connu pour ses inclinaisons pamphlétaires révélées entre autres par Une jeunesse française consacrée aux accointements pétainistes de Mitterrand, « La face cachée du Monde » sur le grand quotidien français, ou encore les biographies de Marcel Dassault, Jean Moulin... Son livre sur l'accaparement en 1830 du trésor d'Alger par l'armée d'occupation se laisse lire avec intérêt et présente l'indéniable mérite de remettre en lumière une affaire aussi énorme que les richesses qu'elle charriait, notamment à la veille d'un traité d'amitié entre les deux pays qui devrait se fonder sur une reconnaissance historique mutuelle dont l'ambassadeur de France a su donner le ton à Sétif à propos des massacres de mai 1945. Aussi, peut-on louer l'initiative des éditions Chihab comme d'ailleurs toute publication honorable en notre pays de jachère culturelle. En revanche, les nombreuses déclarations de Pierre Péan dans les médias algériens méritent quelques remarques. L'argument principal de cette promotion intense reposait sur les « révélations » apportées par l'auteur. L'une d'elles, j'exagère à peine, est que le coup d'éventail était un prétexte à la conquête de l'Algérie. Une autre avançait que le seul but de cette conquête était de mettre la main sur l'immense trésor de la Régence d'Alger pour servir les desseins électoraux de Charles X et, collatéralement, permettre à la France de se soustraire aux créances réclamées en vain par le Dey Hussein, cette fameuse histoire de « blé ». A moins de ramener la colonisation à une somme de faits divers, en ignorant superbement qu'elle relevait d'un mouvement historique inexorable, force est de constater que P. P. , s'est considérablement laissé prendre au jeu promotionnel. L'histoire du coup d'éventail a été éventée depuis des lustres et, en France même, au moment où commençait la colonisation, d'houleux débats en avaient déjà révélé la supercherie et l'inanité. Ce serait croire que la Conquista de l'Amérique du Sud était fondée sur la recherche de l'or astèque ou inca. Sans doute, la fièvre aurifère fut-elle un puissant appat et son apport financier au royaume d'Espagne fut au moins substantiel. Mais tout le monde, y compris P.P., sait depuis longtemps que les colonisations visaient avant tout à conquérir de nouveaux territoires, des ressources naturelles, une main-d'œuvre corvéable à merci, bref à constituer d'immenses marchés aux puissances marchandes occidentales. Pour caricaturer, je verrais mal P. P. aller défendre à New Delhi ou Bombay que l'occupation britannique était centrée sur le vol des deux gros diamants qui ornaient le tombeau du Taj Mahal et trônent depuis, l'un sur la couronne royale et l'autre dans une vitrine du British Museum. Par ailleurs, P. P., fidèle à la vogue du livre-enquête qui se veut révélateur, a multiplié dans ses interviewes les appels aux historiens à prendre la relève de son investigation. Or dans son ouvrage, il a eu le soin de montrer, sources et citations à l'appui, que c'est lui qui a pris la relève des historiens. Celle de Marcel Emerit, professeur d'histoire à la Faculté d'Alger, qui avait consacré en 1954 une étude sur le sujet en se basant sur les conclusions de la commission d'enquête gouvernementale constituée en 1852. Celle de Pierre François Pinaud, spécialiste des finances françaises du XIXe siècle, qui a estimé à 10 milliards de francs minimum valeur actuelle, le montant du pactole historique. Celle enfin de Amar Hamdani, historien algérien, qui en 1985 avait publié aux éditions Balland un ouvrage de 400 pages intitulé La vérité sur l'expédition d'Alger et dans lequel il présentait le résultat de ses recherches universitaires. A sa sortie, le livre avait défrayé la chronique des milieux intellectuels mais, dans une conjoncture des relations algéro-françaises. Encore crispée et, faute de promotion et de visibilité médiatique de l'auteur, il était passé inaperçu du grand public. P. P. cite (de mon point de vue très discrètement) le livre de Amar Hamdani. Ayat lu les deux ouvrages, je n'ai rien vu dans celui de P. P. qui ne modifie fondamentalement ce que l'on trouve dans celui de Hamdani. La vérité sur l'expédition d'Alger avait largement et magistralement défloré le sujet et son auteur, avec force documents et références, présentait déjà les conclusions récemment mises au goût du jour. Il avançait que le « hod-up » atteignait un montant qui représentait alors 40 fois les réserves de la Banque de France. De même, doit-on signaler, que Hamdani s'était aussi naturellement appuyé sur les travaux de ses prédécesseurs, notamment Emerit, et sur un long et patient travail d'investigation. Qu'il me semble que P. P. fasse peu cas de cette référence n'est au fond pas important et ne doit pas lui ôter le mérite de sa publication, nonobstant ses propres commentaires de promotion. Plus me peine le fait qu'un historien algérien, auteur par ailleurs d'une biographie de Krim Belkacem (éditée aussi chez Balland), soit méconnu dans son pays et son ouvrage jusqu'à présent introuvable. Deux conclusions d'ailleurs liées et toutes deux relatives à la vie culturelle en Algérie, s'imposent à ma réflexion. La première est qu'on ne peut continuer à produire des œuvres sans promotion. Il est indispensable que les producteurs de culture, toutes disciplines confondues, soient assistés par des communicateurs et un investissement conséquent en la matière. Ce qui entraîne la question plus aiguë des financements et des mécanismes d'aide à la création et à la diffusion ainsi que celle de la formation de spécialistes en ingénierie culturelle. La seconde est de constater que nous avons atteint un stade plus élevé de décrépitude culturelle. Jusque-là, on croyait que le seul fait d'être édité ou produit à l'étranger, à Paris de préférence mais à Beyrouth aussi, suffisait à établir la reconnaissance en son pays d'un auteur ou d'un artiste algérien. L'exemple de Amar Hamdani et de tant d'autres qui ont réussi à publier ou se produire ailleurs, montre que cela ne suffit plus. Sans organisation du tissu culturel national, même les gloires d'outre-mer ne peuvent trouver écho ici.

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