Douze propriétaires terriens sont victimes de spoliation au lieu-dit Sidi Otmane, à quelques encablures du centre-ville de Tlemcen, par une bande jouissant de l'impunité d'une puissance toujours invisible malgré le mouvement populaire qui a libéré la ville du joug de la pègre locale. «Nous sommes des propriétaires de parcelles de terre situées à Sidi Otmane, avec actes notariés et publiés, livret foncier n°09/2006. En juillet 2017, des inconnus ont squatté nos biens et y ont entrepris des travaux de terrassement injustement et sans permis de construire», expliquent, sidérés et en colère, les victimes. Ce qui est grave, lorsque ces propriétaires ont sommé les ouvriers d'arrêter les travaux, ces derniers ont reconnu qu'ils étaient de «simples exécutants recrutés par des individus dont ils ignoraient l'identité». Des ouvriers qui ont révélé qu'ils «étaient payés au fur et à mesure que les travaux avançaient». Une véritable course contre la montre, en fait. Sentant un coup de la mafia locale, les victimes ont rapidement alerté les éléments de la gendarmerie, les services de l'APC, de la daïra et de la wilaya. «Curieusement, après le déplacement des gendarmes sur les lieux, il n'y avait plus âme qui vive, les squatteurs avaient disparu comme par magie. En vérité, les voleurs des terres avaient été alertés par des guetteurs», nous expliquent les véritables terriens. Cependant, le lendemain, les ouvriers reprirent les travaux et, pire cette fois, ils affrontèrent les propriétaires brutalement en avouant que leurs «soutiens avaient des entrées au niveau de l'administration locale et donc ils ne craignaient rien». La preuve, le chantier avançait à une grande cadence sans que les squatteurs soient inquiétés. Ne perdant pas espoir, les victimes ne cessaient de solliciter les responsables locaux, mais ces derniers, curieusement, faisaient la sourde oreille, ce qui confirmait l'impunité dont jouissaient les spoliateurs. Exhorté de mettre fin à cette injustice, le wali, ayant certainement pris peur devant la médiatisation de cette affaire, a signé un arrêté de démolition. Soulagement ? Pas du tout ! Cet arrêté n'a jamais été appliqué pour une raison qu'on ignore. «Incompréhensible situation, après avoir sollicité le wali à nouveau, des gendarmes se sont rendus sur les lieux pour exécuter l'opération de démolition, le matériel était là, mais l'opération a été annulée en dernière minute pour des raisons inexpliquées». Sollicité une énième fois, le wali fixa une nouvelle date pour la démolition, soit le 11 février 2019, mais une fois encore, il n'en fut rien. Pendant ce temps, les travaux avançaient au rythme de l'éclair. Et l'on est en droit de s'interroger : Qui défie la loi et les arrêtés du wali, représentant de l'Etat algérien ? Qui protège les spoliateurs en cette période où le peuple s'est libéré et aspire à un Etat de doit ? Pour en savoir davantage sur cette histoire, nous nous sommes déplacés sur les lieux où l'on a appris que des personnes, naïves, ont acquis des lots de terrain à raison de 10 000 DA le mètre carré, auprès d'individus, avec l'unique promesse de les régulariser ultérieurement. Or, en rencontrant les vrais propriétaires, il s'est avéré que des acquéreurs ont été dupés par une bande connue à Tlemcen pour avoir accaparé abusivement et impunément d'autres terres sur le territoire de la wilaya. «Nous avons transmis une requête au ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales et nous avons déposé plainte pour recouvrer nos droits», confient les véritables propriétaires, impuissants face à une mafia locale qui continue d'agir dans l'impunité.