Quelques heures seulement après l'adoption par l'APN du projet de loi sur les hydrocarbures, Mme Louisa Hanoune est montée au créneau pour expliciter les enjeux de ce projet et son impact sur l'avenir du secteur énergétique national. Tirant à boulets rouges sur le ministre de l'Energie et des Mines Chakib Khelil, la porte-parole du Parti des travailleurs (PT) a qualifié, lors d'une conférence de presse animée hier au siège de son parti à Alger, cette loi et son approbation d'« illégitimes ». Se lavant les mains de toute conséquence nuisible de cette loi sur l'économie nationale, l'oratrice compte se lancer dans une campagne de sensibilisation de l'opinion publique afin de contrecarrer ce texte. Texte qui, dit-elle, est dicté de l'étranger. « Le président de la République lui-même l'avait affirmé lors de son discours au Palais du peuple le 23 février dernier : cette loi est imposée de l'extérieur et a pour objectif la confiscation de la souveraineté du pays », déclare Louisa Hanoune. D'ailleurs, souligne-t-elle, cette loi n'était pas programmée à l'APN et elle a été « expédiée » pour qu'elle soit adoptée en même temps avec l'accord d'association signé avec l'Union européenne. « Elle a été programmée pour le 15 avril », affirme-t-elle. Dans la foulée, la responsable du PT estime que la loi Khelil « projette de transférer la propriété collective aux multinationales, à travers le système de concession qu'il a instauré ». « Nous le savons, l'application de cette loi transférerait le droit de propriété de l'Etat algérien sur les richesses énergétiques vers les contractants », martèle-t-elle. Selon elle, le transfert des missions de l'Etat vers deux agences, en l'occurrence l'Agence de régulation et celle des contrats (Neft), va créer un Etat dans l'Etat. Revenant sur la question de la privatisation de Sonatrach, Louisa Hanoune estime que cette entreprise va disparaître après la mise en application de cette loi. Les affirmations du ministre, relatives à l'augmentation des revenus de l'Etat grâce à cette loi, sont qualifiées de contrevérités. « Chakib Khelil est un expert d'une institution internationale et applique une politique dictée de l'étranger. Il s'est octroyé tous les pouvoirs. Il va devenir président de la République ! », lance-t-elle. Dans ce contexte, elle refuse d'admettre que ce projet entre dans le programme du président de la République et du gouvernement comme affirmé par le ministre. Elle déplore « le fait que la plupart des députés partageant la position du PT ont voté contre leurs convictions pour ce projet ». « C'est un tournant dangereux pour le pays. Cette loi est anticonstitutionnelle et doit être abrogée tant qu'il est encore temps », ajoute-t-elle. Sur la question de savoir si l'élaboration de cette loi n'obéit pas à un deal conclu entre le président Bouteflika et les USA pour briguer un autre mandat, la porte-parole du PT refuse de confirmer cela, mais affirme avoir remarqué un changement après l'élection présidentielle d'avril 2004.