L'adoption, mardi dernier, en Conseil des ministres de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures a secoué la formation de Louisa Hanoune. Foncièrement opposé à la privatisation, le Parti des travailleurs (PT) est monté au créneau pour descendre en flammes ce texte de loi et l'ensemble du processus de libéralisation de l'économie nationale qui « mettra fin au secteur public ». Animant un meeting, jeudi dernier, à la salle Rouiched, à Alger, le PT a tenu à dénoncer les desseins inavoués que cachent les concepteurs de cet avant-projet de loi considéré comme prélude à « la fin de la souveraineté nationale ». Les animateurs du meeting ont ainsi appelé au retrait immédiat du projet en « étalant » au grand public ses méfaits. Se référant aux mauvaises expériences de certains pays qui ressemblent économiquement à l'Algérie, Louisa Hanoune a livré un constat plus qu'alarmant. « L'Argentine a fait, il y a quelques années, la même chose et regardez dans quel état se retrouve son économie. C'était notre ministre de l'Energie, alors expert auprès du FMI, qui avait conçu le projet de réformes pour les Argentins. Aujourd'hui, il a préparé la même recette pour l'Algérie. Arrêtons-le », a-t-elle clamé avant de critiquer les conséquences désastreuses des privatisations réalisées jusque-là. « 1500 entreprises publiques ont été vendues. Conséquence : 1 200 000 travailleurs licenciés. L'Etat s'est pourtant engagé à préserver les emplois. 1200 autres entreprises sont proposées à la vente, sans aucune consultation », a-t-elle noté. Mme Hanoune reste convaincue qu'il s'agit d'« un complot venu de l'étranger qui vise à brader nos richesses ». Elle ne doute pas qu'une fois la nouvelle loi appliquée, l'Etat perdra la puissance au profit des multinationales. « Le Président a reconnu dans son discours, hier (mercredi, ndlr), que ces réformes ont été imposées par les puissances étrangères et que nous n'avons pas d'autre choix que de les suivre, sinon nous allons subir le même sort que l'Irak. C'est très grave. Nous sommes un pays souverain », a-t-elle martelé, tout en appelant l'ensemble des travailleurs à se mobiliser pour faire face à « cette catastrophe » qui risque de tout emporter. Selon elle, l'application de cet avant-projet de loi va faire perdre à l'Etat 75% des rentes actuelles avant d'ajouter que la privatisation de Sonatrach est imminente, car elle a 2,2 milliards de dollars de dettes extérieures. Rappelant l'accord d'association avec l'Union européenne, Mme Hanoune craint qu'un lien occasionnera près de 65 000 pertes d'emploi sans parler des répercussions catastrophiques sur le tissu économique national. Elle s'est étonnée à l'occasion du refus de l'Etat d'utiliser les réserves de change, estimées à 40 milliards de dollars, pour aider le secteur public à se développer. En outre, le PT a souligné que « les réformes adoptées sont en contradiction avec les articles 53, 54, 56, 57 et 59 de la Constitution », lesquels consacrent le droit à la prise en charge des couches fragilisées notamment. Le parti de Louisa Hanoune a fait le serment de poursuivre le combat jusqu'à l'obtention du retrait de ce projet. « Le moment n'est pas au désespoir. Il faut résister et poursuivre le combat, car rien n'est encore perdu », a-t-elle indiqué, appelant ainsi à un débat national. Car le PT « a des solutions ».