«Des hauts responsables de l'Etat sont conscients de la gravité de leur démarche.» «Le départ de Khelil et de Temmar serait un signal fort de la part de l'Etat et de ceux qui veulent préserver l'avenir du pays», a lancé, hier, la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Mme Louisa Hanoune, lors d'une conférence de presse animée au siège du parti. Elle a émis d'acerbes critiques à l'égard de la stratégie adoptée par MM.Khelil et Temmar, respectivement ministre de l'Energie et des Mines et ministre des Participations et de la Promotion des investissements. Mme Hanoune est allée loin dans ces propos en déclarant que «de hauts responsables de l'Etat sont conscients de la gravité de la démarche de Khelil et Temmar», sans pour autant avancer des noms. Ce n'est pas la première fois que la première responsable du PT évoque le sujet. Mais l'on sent, cette fois, une insistance de sa part, ce qui appelle à s'interroger sur la qualité des «hauts responsables» cités par Mme Hanoune. «Certains ministres développent un discours contradictoire au sein d'un même gouvernement qui, lui, développe une tout autre vision», souligne-t-elle. La colère du n°1 du PT trouve son origine dans le discours tenu par le ministre de l'Energie, lors de la rencontre, mercredi dernier, avec les sociétés pétrolières étrangères. Selon elle, le ministre voulait à tout prix minimiser l'importance des amendements apportés à la loi sur les hydrocarbures. «Le ministre, en s'adressant aux multinationales, a justifié la décision de l'Etat concernant l'amendement de la loi sur les hydrocarbures. Il n'était pas heureux. Il n'était pas satisfait aussi puisque c'était de sa loi qu'il s'agissait», insiste-t-elle. La responsable du PT n'hésite pas à s'interroger sur les raisons de son maintien à la tête du secteur de l'énergie. Mme Hanoune s'est également acharnée sur M.Temmar et a fortement critiqué sa politique de «bradage» et de «liquidation» des entreprises nationales. Elle déplore surtout l'ouverture du secteur financier au privé. Il faut dire que jamais la responsable du PT n'a été aussi précise et directe dans son discours. Mais cette fois-ci, Hanoune est, semble-t-il, pleinement soutenue dans sa démarche par d'autres responsables de l'Etat qui ne sont, apparemment, pas satisfaits de la politique menée actuellement. Elle est déterminée plus que jamais à faire pression sur les pouvoirs publics pour qu'ils revoient leur copie et reviennent sur la question de la privatisation pour arrêter ce processus. Il faut souligner que Louisa Hanoune a déjà réussi son coup concernant la loi sur les hydrocarbures. Les amendements apportés à cette loi constituent, pour elle, un tournant positif irréversible qui ouvre d'autres horizons à la Nation. «Nous appelons à l'arrêt des privatisations et des fermetures des entreprises publiques et à la renationalisation des entreprises cédées». L'annonce de l'élaboration d'un projet sur la stratégie industrielle, lequel serait débattu, en conseil de gouvernement, la semaine prochaine, s'annonce déjà comme une petite victoire pour elle. Certaines sources, proches des cercles de décision, avancent même que le gouvernement ferait marche arrière pour tout le processus. L'exemple le plus illustratif de cette situation, est la révision, dernièrement, de la décision de privatisation d'un bon nombre d'entreprises publiques. M.Temmar a fait savoir, en octobre dernier, que son ministère et celui des Finances ont arrêté une liste d'entreprises industrielles publiques qui seront soutenues et prises en charge par des actions tels le partenariat en joint-venture et des mesures d'amélioration de leur gestion. Ainsi, il semblerait que le processus de privatisation ne fait plus l'unanimité au sein du gouvernement au vu des résultats mitigés. En effet, sur 1 287 entreprises proposées, seulement 396 ont été privatisées dont 117, soit 30%, ont été totalement privatisées. Près de 40 (12%) l'ont été partiellement (rachat d'une partie du capital), 68 (17%) ont vu leur capital cédé aux travailleurs et 21 (5%) ont réalisé des opérations de partenariat. Par ailleurs, et évoquant la situation sociale du pays, la secrétaire générale du PT, tout en estimant qu'elles ne sont pas suffisantes, salue les décisions relatives aux augmentations des salaires, même tardives, ce qui signifie pour elle que l'Etat s'est libéré des instructions du FMI.