Amnesty International a réclamé, hier, une enquête «approfondie, indépendante, impartiale et efficace» sur la mort du manifestant Ramzi Yettou, âgé de 23 ans, décédé le 19 avril dernier. Dans un communiqué rendu public, hier, l'ONG estime que les autorités algériennes «doivent veiller à ce que l'investigation diligentée sur la mort du manifestant Ramzi Yettou, 23 ans, violemment roué de coups par des policiers le mois dernier, soit approfondie, indépendante, impartiale et efficace». «Ordonner une enquête sur la mort de Ramzi Yettou n'est que le premier pas vers la justice. Il faut qu'elle soit indépendante, impartiale et efficace, et que les policiers impliqués soient suspendus pendant la durée des investigations. Si les responsables de sa mort ne sont pas amenés à rendre des comptes, les policiers seront confortés dans leurs agissements, persuadés d'être libres d'agir au-dessus des lois et de commettre des infractions sans en assumer les conséquences», précise l'organisation. L'ONG affirme avoir recueilli des éléments de preuve, dont les témoignages de trois témoins directs, un secouriste, deux membres de sa famille, deux avocats et un médecin, qui laissent à penser, précise-t-elle, que Ramzi Yettou a «succombé le 19 avril aux blessures qui lui ont été infligées lorsque des policiers l'ont roué de coups de matraque». L'organisation précise que le défunt «a été frappé sur le crâne par des policiers alors qu'il était en train de rentrer chez lui après avoir participé à des manifestations». Amnesty affirme avoir examiné la copie d'un rapport de police autorisant l'inhumation de Ramzi Yettou. Ce rapport mentionnait la cause du décès comme «indéterminée», ce qui a incité le parquet d'Alger à ordonner une enquête sur les circonstances de sa mort. Ramzi était en route pour rentrer chez lui, dans la ville de Bougara (Blida) avec au moins cinq amis. «La police a stoppé le camion à bord duquel ils circulaient, car le conducteur avait emprunté une rue en sens inverse. Lorsque les policiers les ont agressés, certains sont parvenus à s'enfuir, d'autres ont reçu des coups de matraque», précise l'organisation. L'ONG évoque un autre témoignage concernant le cas du jeune. Elle précise ainsi qu'avant de perdre connaissance, Ramzi Yettou aurait dit au secouriste qui l'a retrouvé gisant par terre avec du sang sur sa veste qu'il avait été frappé par des policiers. «D'après ce secouriste, Ramzi Yettou présentait des contusions sur le nez et une petite blessure superficielle d'environ un centimètre sous le sourcil, mais qui ne saignait pas. Cet homme a demandé à la police d'appeler une ambulance, qui est arrivée une trentaine de minutes plus tard et a transféré Ramzi Yettou à l'hôpital Mustapha Bacha, où il a été opéré en raison d'une hémorragie interne. Il n'a jamais repris connaissance et est décédé le 19 avril», précise Amnesty. Démentant les versions sur l'implication de la police dans la mort du jeune, la DGSN a estimé, rapporte des médias, qu'il est «tombé d'un camion».