Cinq personnes sont décédées entre 2004 et 2009 aux mains de la police française sans que la lumière soit faite à ce jour sur les circonstances ayant entraîné leur mort, déplore mercredi Amnesty International France. Dans une lettre ouverte adressée aux ministres de l'Intérieur et de la Justice, l'organisation de défense des droits de l'homme demande que des enquêtes "impartiales et exhaustives" soient menées dans les meilleurs délais.Cette lettre est cosignée par les présidents d'Amnesty international des cinq pays dont sont originaires les victimes.La police est "l'administration la plus contrôlée, en interne comme en externe", a déclaré Pascal Garibian, porte-parole de la direction générale de la police nationale (DGPN), en réponse à Amnesty International.L'institution, a-t-il précisé, est notamment contrôlée par l'Inspection générale de la police nationale et l'IGS, son extension pour la préfecture de police."Les sanctions disciplinaires - près de 3.000 prises chaque année envers les policiers - sont une preuve de leur impartialité", a-t-il dit à des journalistes.En outre, la police est soumise "au contrôle des autorités administratives indépendantes rassemblées aujourd'hui sous l'autorité constitutionnelle représentée par le Défenseur des droits dont le pouvoir d'investigation a été renforcé", a ajouté Pascal Garibian.Dans un rapport publié en même temps que sa lettre ouverte, Amnesty international souligne que les familles des personnes mortes aux mains de la police "attendent que justice soit faite".Selon l'organisation, Abou Bakari Tandia, Malien de 38 ans, Lamine Dieng, Français d'origine sénégalaise de 25 ans, Abdelhakim Ajimi, Tunisien de 22 ans, Ali Ziri, Algérien de 69 ans, et Mohamed Boukrourou, Marocain de 41 ans, sont tous morts au cours d'interpellations qui ont mal tournées. Les décès ont eu lieu dans la région parisienne ou en province."Dans toutes ces affaires, les agents mis en cause sont à la connaissance d'Amnesty International toujours en fonction et les proches des victimes maintenus dans l'expectative et en souffrance du fait de la lenteur de la procédure", dit le rapport. Le point commun des cas évoqués est qu'il s'agit de personnes issues "des minorités visibles".Pour l'organisation, ces cinq affaires "sont symptomatiques des dysfonctionnements" qu'elle pointe du doigt dans son travail de recherche depuis six ans en France.Elle cite un usage disproportionné de la force, une tendance à interpeller davantage les personnes étrangères et d'origine étrangère, le manque d'impartialité des enquêtes, la réticence des procureurs à poursuivre des agents de la force publique et des sanctions sans commune mesure avec la gravité des faits.Tout en disant avoir conscience que les policiers travaillent dans des conditions difficiles, Amnesty international estime que "tout manquement à la déontologie doit faire l'objet d'une enquête impartiale".Pour l'ONG, les méthodes d'immobilisation dangereuse doivent être interdites au plus vite, les policiers devraient recevoir une "formation approfondie" sur les droits humains et être suspendus et sanctionnés lorsqu'ils sont mis en cause.