La wilaya de Tizi Ouzou génère en moyenne 400 000 tonnes de déchets par an, dont 25 à 30% seulement sont triés et valorisés. Les communes, qui peinent à en assurer le ramassage faute de moyens roulants et de personnel, sont submergées par les détritus déposés dans des décharges sauvages. Les actions entreprises par les pouvoirs publics n'ont pas permis de trouver de solutions appropriées au problème environnemental. L'administration locale a dépensé des milliards de dinars dans le domaine de la gestion des déchets sans pour autant parvenir à mettre un terme au phénomène de prolifération des ordures de toutes natures. La direction locale de l'environnement fait état de 67 études de schémas directeurs de gestion des déchets ménagers, dont 5 approuvés, 43 en cours d'approbation et 19 en phase d'élaboration, 7 CET, dont 4 opérationnels et 3 autres objets d'opposition, 5 décharges contrôlées dont 2 en exploitation, 1 centre de tri des déchets ménagers, un incinérateur, ainsi que des opérations pilotes dans le domaine du tri sélectif. Que d'argent dépensé pour si peu de résultats ! La situation ne s'améliore pas sur le terrain. Quarante communes parmi les 67 que compte la wilaya ne collectent pas les déchets dans les villages, alors qu'à Tizi Ouzou ville, les camions sont appelés à faire 3 à 4 rotations par jour. En 2009, les services de la wilaya ont mis en service le centre d'enfouissement technique (CET) de Oued Falli. Destiné au traitement des déchets ménagers et assimilés provenant des communes de Tizi Ouzou, Tirmitine et Draâ Ben Khedda, ce centre prend en charge 14 autres localités, où des CET et des décharges contrôlées tardent à voir le jour à cause de l'opposition de riverains. Ce principal «réceptacle» de la wilaya de Tizi Ouzou, qui figure parmi les quatre structures opérationnelles sur les 7 inscrites à la réalisation, accumule 4 fois plus que sa capacité initiale. Un ultimatum de six mois est donné depuis janvier 2018 aux 14 communes greffées à ce centre pour trouver une solution à la problématique de la gestion des déchets ménagers, en investissant notamment dans l'activité de tri à la base. Pressée par les APC, la direction de l'environnement a fini par abandonner cette option de fermeture de casiers du CET arrivés à saturation. Le transfert des déchets ménagers à Oued Falli a été prolongé «jusqu'à nouvel ordre», a-t-on annoncé. L'administration a motivé sa décision de surseoir à ladite décision par l'absence de site pour l'implantation de décharges contrôlées. Les communes concernées continuent d'acheminer leurs déchets vers ce CET dont la durée de vie est estimée à 25 ans. Qu'en sera-t-il après, d'autant plus que l'adoption de l'enfouissement technique des déchets comme mode d'élimination n'a fait qu'engendrer des coûts supplémentaires aux collectivités ? La solution est dans le tri sélectif et la valorisation des déchets, préconisent des spécialistes. Arezki Hammoum, de l'université Mouloud Mammeri, estime que «80% de nos déchets sont revalorisables, tandis que les 20% restants sont recyclables, très utiles et créent de l'emploi», dit-il. Cela permettra aussi de réduire le coût des transferts vers ce CET, sachant que la commune la plus proche de Oued Falli, Tizi Ouzou, dépense pas moins de 16 milliards de centimes par année pour y acheminer ses déchets ménagers, révèle M. Hammoum.