Human Rights Watch (HRW) a dénoncé de «graves abus» et des «crimes de guerre» commis par les forces de sécurité égyptiennes et la branche du groupe Etat islamique (EI), qui s'affrontent dans le nord de la péninsule du Sinaï, selon un rapport publié hier. Intitulé «Si vous craignez pour vos vies, quittez le Sinaï : abus des forces de sécurité égyptiennes et des affiliés à l'EI dans le Nord-Sinaï», cette étude de 134 pages a été réalisée sur la base de plus de 50 témoignages de résidants, d'anciens responsables locaux et internationaux. Le colonel Tamer Al Rifai, porte-parole de l'armée égyptienne, a rejeté le rapport, qu'il a qualifié de «faux». En 2014, Ansar Beit Al Maqdis, le principal mouvement djihadiste de cette péninsule de l'est de l'Egypte, a fait allégeance à l'EI sous le nom de «Province du Sinaï». HRW a affirmé qu'entre janvier 2014 et juin 2018, «3076 miliciens présumés et 1226 membres de l'armée et de la police ont été tués lors de combats». «La branche Nord-Sinaï de l'EI mérite la condamnation mondiale qu'elle a reçue pour ses abus odieux, mais la campagne de l'armée marquée par des violations tout aussi sérieuses, dont des crimes de guerre, devrait aussi être vivement condamnée», a assuré dans un communiqué Michael Page, directeur adjoint pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord à HRW. L'ONG cite notamment des arrestations de masse (12 000), des disparitions forcées, des assassinats extra-judiciaires, des mauvais traitements et de la torture, ainsi que des bombardements illégaux par les forces de sécurité égyptiennes.