La disparition tragique du prisonnier politique Kamel Eddine Fekhar, après près de deux mois de détention, suscite colère et indignation. Dix partis politiques réunis hier au siège du Parti des travailleurs soutiennent la demande d'une enquête indépendante pour déterminer les circonstances du décès du militant Fekhar. «Malgré les alertes incessantes de ses avocats et sa famille sur la détérioration de son état de santé, les pouvoirs publics l'ont laissé mourir. Ils portent donc l'entière responsabilité de sa mort» et «les partis cités ci-dessus appuient la demande d'une enquête indépendante sur les circonstances de cette tragique disparition», indique le communiqué commun signé PT, FFS, RCD, le PLJ, MDS, JIL Jadid, UCP, PST, PNSD, PLD. Kamel Eddine Fekhar, poursuivi sur la base des déclarations publiques et arrêté sur ordre du procureur général de Ghardaïa, a entamé une grève de la faim pour contester sa détention jugée «arbitraire» par les avocats et défenseurs de droits de l'homme. Sa santé s'étant vite dégradée en raison d'une prise en charge médicale défaillante, le rebelle du M'zab a rendu l'âme, avant-hier, à l'hôpital de Frantz Fanon de Blida. Une disparition qui clôt la vie d'un militant au parcours chargé de persécution et d'harcèlement politico-judiciaire. Par ailleurs et en abordant le cas de la secrétaire générale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, détenue sur décision du tribunal militaire de Blida depuis près d'un mois, le groupe des partis politiques estime que «rien ne peut justifier le maintien en détention de Louisa Hanoune, responsable d'un parti politique». Incarcérée au motif qu'elle milite pour «changer le régime politique», les signataires du communiqué considèrent que le changement du régime est «la position commune et celle de l'écrasante majorité du peuple algérien». Pour eux, l'emprisonnement de Mme Hanoune est de ce fait «un avertissement et une menace pour tous ceux, responsables politiques ou citoyens, qui réclament le changement de régime». Ainsi, ils «exigent la libération immédiate et sans condition de Louisa Hanoune». «Ne pas prendre une telle mesure inaugurerait mal des développements à venir en Algérie», préviennent-ils. «Devant l'effondrement des institutions obsolètes et illégitimes, du fait de la mobilisation révolutionnaire du peuple algérien, des multiples tentatives du régime pour chercher à se préserver, celui-ci pratique une politique de fuite en avant et de répression, comme constaté lors de la marche des étudiants et le vendredi 24 mai avec l'empêchement de l'accès à Alger pour manifester et l'arrestation de plusieurs centaines de manifestants. C'est la mise en application des déclarations-menaces de Gaïd Salah à l'encontre des manifestations populaires», dénoncent les 10 partis politiques. Ils rappellent leur rejet de «toute solution de force» et exigent «le respect des libertés démocratiques et donc la libération de Louisa Hanoune».