Je suis très inquiet. L'examen aura lieu bientôt et je ne suis vraiment pas prêt à le passer. » Cette déclaration de Nabil, élève de terminale au lycée Omar Racim (Alger-Centre), résume, on ne peut plus clairement, le désarroi des élèves qui s'apprêtent à subir, au début du mois de juin prochain, les épreuves du baccalauréat. Ils travaillent sous haute pression et craignent de rater la plus importante étape de leur cursus scolaire. Malgré les assurances données par le ministère de l'Education, les élèves sont préoccupés. « Le rattrapage des cours s'est fait tellement vite qu'on n'a pas pu assimiler le gros des leçons. De plus, les programmes sont surchargés et il est difficile pour nous d'assimiler cette masse de connaissances », explique un élève du même établissement. La précipitation dans la dispense des cours pèse lourdement sur les élèves. Cela ressemble, selon eux, à un « gavage » de cerveau. « Personne ne peut supporter ce rythme. Les enfants sont toujours préoccupés et cela est perceptible sur leur visage. On sent quotidiennement leur souffrance », s'indigne une mère qui accompagnait sa fille au lycée Ibnou Ennas (place du 1er Mai d'Alger). « En arrivant à la maison, je suis déjà à bout de forces. Je ne peux même pas réviser mes cours », affirme la fille. Mais ce qui fait le plus peur aux élèves, ce sont les examens. Pas seulement le bac ou le BEM, qui sont les plus importants de l'école algérienne. « Les résultats du premier trimestre étaient catastrophiques. Ceux du deuxième trimestre également. Comment faire pour avoir la moyenne qui me permettra d'accéder en classe supérieure. C'est impossible ! », lance Noureddine, élève en deuxième année secondaire (lycée Kheireddine Barberousse, sis à la place Audin). Dans certains lycées de l'intérieur du pays, les élèves ont même fait grève pour exiger de réduire la moyenne du passage en classe supérieure à 9/20 au lieu de 10/20. Leur argument est très justifié. L'année scolaire 2009-2010 a été perturbée. Et les élèves ont perdu leur concentration. Un bac sans valeur Les enseignants, eux-mêmes, reconnaissent cette situation. Selon eux, le taux d'avancement dans la dispense des programmes scolaires ne dépasse pas les 65%. « Si on arrive à 75% d'ici la fin de l'année, prévue pour le 25 mai, nous serons des champions. Mais je ne le pense pas, car il ne s'agit pas uniquement de terminer les programmes. Il faut aussi s'assurer que les élèves ont bien assimilé la masse d'informations qu'ils reçoivent chaque jour », estime un enseignant. Ce dernier pose ainsi le problème de la qualité de l'enseignement. « Nous essayons de bien préparer les lycéens pour qu'ils puissent aborder dans les meilleures conditions leur cursus universitaire. Malheureusement, le nouveau bachelier y arrive toujours avec un niveau inférieur. Et vous n'avez qu'à voir le nombre d'étudiants qui refont leur première année pour constater le drame », ajoute-t-il. Selon lui, les autorités doivent agir rapidement pour résoudre à la fois les problèmes de surcharge des cours et ceux, sociaux, des enseignants s'ils veulent donner de la valeur au diplôme du baccalauréat. « Sinon, nous aurons un bac sans valeur », lance-t-il.