Les lycéens rencontrés hier devant l'entrée des établissements ne parlent que de cela. Amertume, déception et découragement. C'est en ces termes qu'on peut résumer le ressentiment des lycéens rencontrés hier à Alger, à propos de la décision du ministre de l'Education nationale qui avait déclaré, lors d'une conférence de presse qu'«il n'y aura pas de deuxième session concernant les épreuves du Bac 2004, ni même une session de rattrapage». Les lycéens rencontrés hier devant l'entrée des établissements ne parlent que de cette décision tombée comme un couperet. Victimes de quatre mois de débrayage, des cours accélérés auxquels il faut ajouter les difficultés qu'ils rencontrent dans l'assimilation de leurs cours, ces lycéens affichent une certaine déception mêlée de crainte. «J'ai peur» nous avoue Ryma, qui va passer son baccalauréat le 26 juin prochain. «Je ne sais plus comment procéder. Le Bac c'est dans un mois et je n'arrive toujours pas à me concentrer. Vient maintenant la nouvelle qu'il n'y aura pas de deuxième session», poursuit-elle. Notre interlocutrice avoue avoir eu un petit espoir depuis que circulait la rumeur selon laquelle il y aurait une session de rattrapage, «et maintenant... tout espoir est perdu...» Les lycéens rencontrés au niveau du lycée Omar-Racim, ont fait état de la surcharge du programme «nos enseignants ne font que bâcler le programme, pour eux l'essentiel est d'honorer leurs engagements, quant à notre avenir, désormais, ça n'intéresse personne». Et pourtant, ajoute-t-on «nous avons soutenu nos enseignants durant les 5 mois qu'a duré la grève et maintenant on nous lâche...». Les mêmes échos se font entendre au lycée des Frères Aroudj et Kheiredine Barberousse (ex-Delacroix). Ici, les candidats aux épreuves du baccalauréat, parlent de cours accélérés. «On est en train de faire du marathon ou la course des 100 mètres, le top chrono a été donné à la fin de décembre 2003», ironise Walid qui n'a pas manqué de souligner que tout les cours qu'on leur dispense sont sur des polycopies «c'est pour terminer le programme et passer l'examen du Bac». Et la deuxième session? a-t-on demandé. «Désormais tout est clair khou el wazir (le ministre) a déclaré qu'il n'y aurait pas de deuxième session, je peux dire dès maintenant adieu à mon bac». Que reste-t-il à faire pour ces lycéens, devant la surcharge du programme, la non-assimilation des leçons et de surcroît, le peu de temps qui reste avant l'examen final ? Nadia, lycéenne à Omar Racim, nous éclaire sur ce point : «Il n'y a que les livres que j'ai achetés dans une librairie à un prix très élevé qui peuvent me sauver. D'ailleurs, je ne compte plus sur les polycopies que les enseignants me donnent, c'est du bâclage et en plus, je n'y comprends rien». Le cas est plus grave encore pour les élèves en sciences exactes, «le prof de maths ne nous fait faire qu'une longue série d'exercices qu'il expose sur le tableau sans même se soucier si nous avons compris ou pas», souligne un lycéen. Ainsi, c'est sur une note de suspicion et de scepticisme que les lycéens attendent l'arrivée du jour J. Néanmoins et devant cet état de fait, ils commencent d'ores et déjà à imaginer un mécanisme de défense. Normal, il faut bien avoir quelque chose à quoi se tenir. Les lycéens que nous avons rencontrés disent presque la même chose : «On nous dit que les examens seront abordables...». Une note d'espoir.